par Ron Bousso
LONDRES (Reuters) - BP va supprimer d'ici fin 2015 des milliers d'emplois à travers le monde dans ses activités pétrolières et gazières dans le cadre d'un plan de restructuration d'un milliard de dollars (805 millions d'euros) annoncé mercredi.
Au vu de la chute actuelle des cours pétroliers, alimentée par la récente décision des pays exportateurs de pétrole de maintenir leurs niveaux de production, le groupe britannique envisage aussi de réduire ses investissements en 2015 au-delà des réductions de l'ordre d'un à deux milliards de dollars déjà annoncées en octobre.
"Etant donné la position récemment adoptée par l'Opep et le niveau actuel des cours du pétrole, nous allons poursuivre notre réflexion à ce sujet", a déclaré Lamar McKay, responsable des activités amont de BP, lors d'une présentation à l'occasion d'une journée investisseurs à Londres.
L'essentiel de cet effort de restructuration se traduira par des licenciements dans tous les segments d'activité, y compris l'exploration et la production pétrolières, le raffinage, la commercialisation et l'administration, a précisé un porte-parole du groupe.
Une première charge va être imputée dès le quatrième trimestre 2014, souligne BP, qui lance ainsi un programme élaboré au cours des 18 derniers mois pour améliorer son efficacité.
"Nous nous attendons à ce que le groupe subisse environ un milliard de dollars de charges de restructuration non opérationnelles au cours des cinq prochains trimestres, y compris le trimestre en cours", déclare BP.
NOUVEAUX PROJETS À 80 DOLLARS LE BARIL
BP compte environ 84.000 employés à travers le monde et plusieurs milliers d'entre eux devraient perdre leur travail, selon certaines sources.
La compagnie est engagée dans un effort de réduction de ses coûts. Elle a cédé plus de 43 milliards de dollars d'actifs pour couvrir les frais liés à la marée noire dans le golfe du Mexique en 2010 et à la hausse des coûts dans le secteur pétrolier.
A 15h45 GMT, l'action BP perd 1,7% à la Bourse de Londres, à peine moins que l'indice paneuropéen du secteur de l'énergie.
Le cours du baril de Brent s'est effondré de plus de 40% depuis juin, passant d'environ 115 dollars à 65 dollars.
Lamar McKay n'a pas fourni de précision sur les projets susceptibles d'être retardés ou annulés. Il a déclaré que les nouveaux projets étaient élaborés sur la base d'une hypothèse d'un baril à 80 dollars, avec étude de cas limite à 60 dollars.
Deutsche Bank a relevé mercredi à "acheter" sa recommandation sur BP, en observant un "changement positif de perception" de l'impact des sanctions contre la Russie et de la marée noire dans le Golfe du Mexique.
Le cabinet norvégien Rystad Energy estime que plus de 150 milliards de dollars (121 milliards d'euros) de projets d'exploration de pétrole ou de gaz devraient être mis en suspens l'année prochaine à travers le monde en raison de la chute des cours.
Les compagnies américaines Goodrich Petroleum et Oasis Petroleum ont ainsi annoncé à leur tour mercredi qu'elles réduiraient leurs investissements en 2015, suivant l'exemple de ConocoPhillips ou Apache.
La première prévoit désormais de consacrer 150 à 200 millions de dollars à des dépenses d'investissements en 2015 alors que pour 2014, ces dépenses devraient se situer dans le bas d'une fourchette comprise entre 325 et 375 millions de dollars.
La seconde s'attend à dépenser entre 750 et 850 millions de dollars en 2014, contre environ 1,43 milliard en 2014.
L'action Goodrich s'effondre de plus de 11% à Wall Street tandis que le titre Oasis recule de plus de 8%.
(avec Paul Sandle; Wilfrid Exbrayat et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Juliette Rouillon)