Les négociations sur la restructuration de la dette grecque semblaient s'orienter vers un accord entre les banquiers et le gouvernement grec vendredi, après plus d'une semaine de négociations serrées à Athènes, mais sans qu'aucune annonce officielle n'ait été faite.
Les représentants des banquiers, l'Américain Charles Dallara et le Français Jean Lemierre, ont rencontré le Premier ministre grec et son ministre des Finances vendredi matin. Ils devaient se revoir vers 17H30 GMT.
Entretemps, le gouvernement grec devait consulter dans l'après-midi ses partenaires de la zone euro, via une téléconférence de "l'euro working group" qui réunit les directeurs du Trésor ou secrétaires d'Etat aux Finances des pays de la zone.
Selon la presse grecque, les négociateurs des banques devaient également tenir une téléconférence du même type, pour rendre compte à leurs mandants de l'avancée des discussions.
Cette négociation, cruciale pour l'avenir de la Grèce, est unique en son genre. Elle vise à effacer au moins 100 milliards d'euros de dette publique grecque, que les banquiers doivent accepter de perdre volontairement pour éviter une faillite désordonnée du pays et donc, pour les banques, le risque de perdre beaucoup plus.
"Le climat est bon (...) et nous espérons que les discussions seront terminées très bientôt" a indiqué vendredi le porte-parole du gouvernement, Pandélis Kapsis, sur Radio 9.
Une autre radio, Flash, croyait savoir dès la mi-journée qu'un accord avait été trouvé. Mais aucune confirmation officielle n'a été donnée à ces propos.
Les détails sur le taux d'intérêt imposés à la Grèce sur les nouvelles obligations qui seront émises, ainsi que l'ampleur exacte des pertes que devront supporter les banques, continuaient de faire l'objet de toutes les spéculations.
Selon le quotidien Kathimerini, vendredi, la proposition de l'IFF porte sur un taux d'intérêt moyen de 4,25% pour les nouvelles obligations émises (progressif entre 3% et 4,5% selon la maturité des titres), ce qui induirait une perte de 68% pour les banques, au lieu des 50% initialement prévus.
Parrallèlement, la Grèce qui joue sa survie financière, lutte sur un autre front avec ses créanciers étrangers de retour vendredi à Athènes pour décider du déblocage d'un nouveau prêt vital.
Les représentants de l'UE et du FMI, créanciers institutionnels du pays, ont entamé vendredi des discussions avec le ministre des Finances Evangélos Vénizelos sur la mise en oeuvre de la deuxième aide européenne au pays.
Dès vendredi matin à 07H00 GMT, Poul Thomsen (FMI) et Matias Mors (zone euro) ont été reçus par M. Vénizelos, pour discuter de l'avancement du premier programme d'assainissement de l'économie grecque et des mesures à venir, pour décrocher le versement de 130 milliards d'euros d'aide européenne supplémentaire, décidé fin octobre à Bruxelles.
Sur ce sujet, le porte-parole du gouvernement n'a pas exclu la nécessité d'adopter de nouvelles mesures d'austérité, pour redresser l'économie du pays, qui s'est enfoncée dans la récession en 2011 et peine face à la crise de la dette depuis deux ans.
Car, "l'Europe ne paiera pas davantage" pour la Grèce, a averti vendredi matin le ministre français des Affaires européennes, Jean Leonetti. Et "la Grèce ne doit pas compter sur autre chose que sur la solidarité qui a été établie et la négociation qui est en cours et qui va aboutir avec ses créanciers privés", a-t-il ajouté.
S'il y va de l'avenir financier de la Grèce, l'enjeu pour la zone euro est également de taille, car sans accord avec ses créanciers privés et publics, le pays ne pourra pas rembourser 14,4 milliards d'obligations arrivant à échéance le 20 mars, ce qui constituerait un défaut de paiement désordonné du pays, une menace pour l'ensemble de la zone euro et même au-delà.
A l'inverse, une stabilisation du pays à l'origine de la crise de la dette pourrait constituer une phase décisive et permettrait de consolider le relatif répit observé depuis le début de l'année sur les marchés boursiers et obligataires, qui ont relativement bien digéré la perte du triple A français.
Une étape importante est également attendue côté italien, vendredi, où le gouvernement de Mario Monti étudiait depuis 10H00 GMT en conseil des ministres un vaste programme de libéralisations dans plusieurs secteurs (taxis, pharmacies, distribution d'essence, gaz, professions libérales...) visant à insuffler davantage de concurrence dans l'économie italienne.
Des mesures du même type ont été votées par le parlement grec jeudi.
Alors que tous les projecteurs sont tournés vers la Grèce et l'Italie, le Premier ministre Portugais a rappelé vendredi que son pays traversait lui aussi un "moment réellement critique".
Le Portugal, dont la dette publique a été reléguée au rang d'investissement "spéculatif" par Standard and Poor's, est l'un des neuf pays de la zone euro qui a subi les foudres de l'agence de notation financière américaine vendredi dernier.
Le Premier ministre Pedro Passos Coelho qui a jugé "infondée" cette décision a néanmoins apporté une note d'optimisme en estimant que son pays pourrait enregistrer cette année un excédent commercial, ce qui ne s'est pas produit "depuis plusieurs années".
Les Bourses européennes évoluaient légèrement dans le rouge vendredi après-midi, sous l'effet de prises de bénéfices après une série de hausses. Vers 13H40 GMT, Paris perdait 0,59%, Francfort 0,38%, Londres 0,17%, Milan 0,47% et Madrid 0,70%.