La Bourse de Paris, victime d'un regain de tensions en Espagne et en Italie, va se focaliser la semaine prochaine sur les chiffres de la croissance en zone euro et les résultats de grandes banques françaises pour tenter de reprendre de la hauteur.
Au cours de la semaine écoulée, le CAC 40 a perdu 3,29% pour terminer vendredi à 3.649,50 points. L'indice parisien a effacé la quasi-totalité des gains engrangés depuis le début de l'année, ne grignotant plus que 0,23% depuis le 1er janvier.
"Le marché a été pénalisé comme la plupart des places financières européennes par les incertitudes politiques en Espagne et en Italie qui ont entraîné un regain de tension sur les dettes de ces pays", relève Michael Levy, l'un des responsables de la gestion chez 360 AM.
En Italie, Silvio Berlusconi effectue une spectaculaire remontée dans les sondages ce qui inquiète les investisseurs à l'approche des législatives des 24 et 25 février, tandis qu'en Espagne le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, est fragilisé par un scandale de corruption.
"Le débat sur la monnaie européenne a aussi pesé sur la tendance car il met en avant les nombreuses discordances au sein du couple franco-allemand", note M. Levy.
Paris souhaite la mise en place d'une politique de change pour lutter contre le cours trop élevé de l'euro. A l'inverse, Berlin, convaincue que la monnaie unique n'est pas surévaluée, juge qu'une telle politique n'est pas adaptée pour améliorer la compétitivité.
Dans ce contexte, le discours, jeudi, du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, à l'issue de la réunion mensuelle de l'institut monétaire, était particulièrement attendu par les investisseurs.
M. Draghi a reconnu que "la hausse de l'euro pourrait devenir inquiétante si elle devait remettre en cause la stabilité des prix. Il laisse donc la porte ouverte à une éventuelle prochaine baisse du taux directeur", ancré pour l'instant à 0,75%, relève Isabelle Enos, directrice adjointe de B* Capital.
La semaine prochaine sera marquée par la publication des chiffres de la croissance en zone euro au quatrième trimestre.
La récession s'est probablement fortement accentuée fin 2012 et "les perspectives de croissance ne s'amélioreront pas avant la fin d'année", estime François Duhen, stratégiste pour le Crédit Mutuel-CIC.
La saison des résultats, qui rentre dans le vif du sujet à Paris, focalisera l'attention.
"Les résultats des banques BNP Paribas et Société Générale seront particulièrement surveillés car ces sociétés peuvent tirer le marché vers le haut comme elles l'ont fait ces derniers temps", commente M. Levy.
D'autres poids lourds de la cote sont attendus comme Total, Renault, Publicis, Pernod Ricard, EDF ou Legrand.
"On voit bien que les entreprises restent prudentes sur leurs perspectives face à la vigueur de l'euro. Elles procèdent aussi à de grands nettoyages, à l'image de PSA Peugeot Citroën, ce qui est plutôt bien perçu par le marché", souligne Mme Enos.
Vendredi, le titre du constructeur, au terme d'une séance agitée, a clôturé en hausse de près de 2% au lendemain de l'annonce de dépréciations d'actifs colossales de 4,7 milliards d'euros qui devraient déboucher sur une perte astronomique pour 2012.
Au chapitre des statistiques américaines, l'agenda est peu rempli avec uniquement les ventes de détail et les stocks des entreprises.
Enfin, "nous attendrons de connaître les retombées sur la consommation du Nouvel An chinois (qui débute lundi, NDLR), un évènement très important pour de nombreuses sociétés en France dans le secteur du luxe notamment", commente Mme Enos.