PARIS (Reuters) - Manuel Valls a fustigé dimanche un antisémitisme nouveau qui se cache "derrière la haine de l'Etat d'Israël", et appelé les Juifs de France à avoir confiance en leur pays, au lendemain de débordements à Paris en marge d'une manifestation pro-palestinienne qui avait été interdite.
Le Premier ministre s'exprimait à l'occasion d'une cérémonie commémorant le soixante-douzième anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv, durant laquelle 76.000 Juifs dont 11.000 enfants ont été déportés.
"À l'antisémitisme historique (...) s'ajoute un antisémitisme d'une forme nouvelle qu'il est hors de question de nier ou de cacher (...) il se répand sur internet (...) il se répand aussi dans nos quartiers populaires auprès d'une jeunesse souvent sans repère, sans conscience de l'Histoire et qui cache sa haine du Juif derrière un antisionisme de façade et derrière la haine de l'Etat d'Israël", a déclaré Manuel Valls.
"Dans ce lieu dont je mesure le poids qu'il donne à mes mots (...) je veux inviter les Juifs de France à avoir confiance en leur pays, en sa détermination à ne jamais céder", a-t-il ajouté.
Des milliers de personnes ont bravé samedi à Paris l'interdiction de manifester en faveur des Palestiniens de Gaza et certains d'entre eux ont provoqué des affrontements violents avec les forces de l'ordre dans le nord de la capitale.
De nouveaux incidents ont été constatés dimanche après-midi à l'issue d'une manifestation également interdite à Sarcelles, dans le Val-d'Oise, où des voitures ont été incendiées.
Dans un communiqué, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé l'action de "groupes fanatiques". "Nous refusons qu'une logique djihadiste s'installe dans nos quartiers populaires et cible les Juifs de France aujourd'hui comme demain l'ensemble de la République", a-t-il dit.
DEBORDEMENTS "INACCEPTABLES"
Les débordements sont "inacceptables", avait estimé plus tôt le Premier ministre, estimant qu'ils justifiaient les interdictions prononcées, critiquées par certaines organisations pro-palestiniennes et par une partie de la gauche qui reproche au gouvernement d'être trop favorable à Israël.
"La France ne laissera pas les esprits provocateurs alimenter je ne sais quel conflit entre les communautés", a dit Manuel Valls, appelant à un "sursaut de la société" contre l'antisémitisme.
Le Premier ministre a par ailleurs implicitement fait référence dimanche à l'humoriste Dieudonné, dont le spectacle a été interdit en début d'année.
Il faut "veiller scrupuleusement à ce que la réalité historique de la Shoah ne soit jamais contestée", a-t-il dit. Il faut "veiller également à ce qu'elle ne soit pas relativisée, ou livrée aux mains coupables de ceux qui la caricaturent, la banalisent, en font le sujet de plaisanteries infâmes."
Israël a déclenché son offensive sur la bande de Gaza le 8 juillet pour tenter de faire cesser des tirs de roquettes sur son territoire.
L'opération a connu dimanche sa journée la plus sanglante avec la mort de plus de 70 Palestiniens dans le pilonnage d'un quartier de la ville de Gaza et celle de 13 soldats israéliens dans des combats avec le Hamas.
(Chine Labbé, avec Jean-Stéphane Brosse)