BRUXELLES (Reuters) - L'Allemagne doit profiter de sa bonne santé économique pour augmenter ses investissements, a estimé mercredi la Commission européenne, qui a par ailleurs autorisé l'Italie à freiner la réduction de ses déficits pour financer ses réformes.
Dans ses recommandations en matière économique aux pays membres, l'exécutif européen a également appelé la France à profiter de l'amélioration de sa situation économique pour poursuivre les réformes structurelles, notamment en matière fiscale et sociale.
L'Allemagne, première économie de la zone euro, prévoit un excédent budgétaire structurel de 0,25% à 0,75% du produit intérieur brut (PIB) jusqu'en 2019 et une diminution de sa dette publique à 61,5% du PIB d'ici 2019, des objectifs plus ambitieux que ceux requis par les règles européennes.
Celles-ci prévoient en effet qu'un pays n'est pas forcé d'adopter des mesures de consolidation budgétaire supplémentaires une fois qu'il a atteint son objectif à moyen terme, soit, dans le cas de l'Allemagne, un déficit structurel de 0,5% du PIB.
L'amélioration des finances publiques allemandes, "crée des marges de manoeuvre budgétaires pour soutenir l'investissement", dit la Commission dans ses recommandations à la République fédérale.
"L'ALLEMAGNE A UNE RESPONSABILITÉ SPÉCIFIQUE"
De nombreux responsables politiques et économiques estiment qu'en raison du poids économique de l'Allemagne et de l'importance de ses relations avec les autres Etats membres, une augmentation de ses investissements favoriserait la demande et la croissance dans l'ensemble de l'Union.
"L'Allemagne a une responsabilité spécifique en Europe et peut servir d'exemple. Les autorités peuvent utiliser la période favorable actuelle pour augmenter encore l'investissement, notamment dans les infrastructures publiques, l'éducation et la recherche", a déclaré Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission en charge de l'euro et du dialogue social, lors d'une conférence de presse.
Concernant l'Italie, la Commission estime justifiée la volonté de Rome de ralentir la consolidation budgétaire au profit des réformes.
Alors que les règles européennes prévoient qu'un Etat membre doit réduire son déficit structurel de 0,5 point de PIB par an jusqu'au retour à l'équilibre, l'Italie pourrait se limiter à 0,25 point cette année et 0,1 point en 2016, a précisé l'exécutif.
La Commission demande parallèlement au gouvernement de Matteo Renzi d'accélérer les privatisations, d'utiliser leur produit pour réduire la dette et de mettre en oeuvre d'ici septembre une loi sur la réforme fiscale.
Bruxelles a par ailleurs recommandé de clore la procédure de déficit excessif engagée à l'encontre de la Pologne, Varsovie ayant ramené son déficit sous le seuil de 3% du PIB. Cette recommandation doit être avalisée par le Conseil européen, ce qui ne devrait être qu'une formalité.
(Jan Strupczewski; Marc Angrand pour le service français, édité par Patrick Vignal)