BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a annoncé mardi prévoir une légère hausse du déficit public de la France l'an prochain, alors que le gouvernement prévoit une petite baisse, en raison notamment d'une croissance économique plus faible qu'espéré par Paris.
Ces révisions s'inscrivent dans le contexte d'une baisse des prévisions de croissance de la Commission pour l'ensemble de la zone euro, à 0,8% en 2014 et 1,1% en 2015, avant 1,7% en 2016.
Selon l'exécutif européen, le déficit public de la France atteindra 4,4% du PIB fin 2014 et 4,5% fin 2015. Sans mesures supplémentaires, le déficit progresserait encore en 2016, à 4,7%, loin des 3% dont le respect était prévu en 2015.
Le gouvernement français prévoit quant à lui de réduire le déficit public à 4,3% du PIB l'an prochain, puis 3,8% fin 2016.
La Commission précise qu'elle a pris en compte environ 19 des 21 milliards d'euros d'économies annoncées pour l'an prochain par le gouvernement car "certaines de ces mesures, représentant près de 2 milliards d'euros, restent insuffisamment détaillées pour être prises en compte dans la prévision".
Elle ajoute que les modifications présentées par le gouvernement français fin octobre, qui visent à réduire le déficit de 3,6 à 3,7 milliards d'euros de plus que prévu auparavant, n'ont pas pu être prises en compte, du fait du manque de détail au moment où les prévisions ont été arrêtées.
Selon la Commission, la croissance économique en France sera de 0,3% cette année, 0,7% l'an prochain et 1,5% en 2016. Le gouvernement prévoit quant à lui une plus forte accélération, à 1,0% l'an prochain et 1,7% en 2016, après 0,4% cette année.
Cette croissance sera portée par une hausse de la consommation privée, estime la Commission, l'investissement ne repartant qu'en 2016 et le commerce extérieur n'apportant pas de soutien à l'activité à moyen terme.
LES RÉFORMES SONT LA PRIORITÉ NUMÉRO UN
"Les réformes sont la priorité numéro un" pour que l'économie européenne accélère, a déclaré le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, en présentant les nouvelles prévisions.
Le ministre français des Finances, Michel Sapin, a quant à lui expliqué que "les nouvelles prévisions de la Commission européenne confortent notre analyse d'une reprise trop faible dans la zone euro". "C'est le sens du débat que je mène depuis cet été", ajoute-t-il dans une déclaration transmise à Reuters.
La Commission rendra dans les prochaines semaines son avis sur les projets de budgets des pays membres, notamment la France qui a repoussé à la fin 2017 le retour du déficit à 3%, pour dire s'ils respectent les règles budgétaires européennes.
Jyrki Katainen a souligné que ces règles comportaient des flexibilités et qu'il s'agissait surtout d'évaluer l'effort de redressement structurel des comptes publics.
"Aujourd'hui, c'est le temps des prévisions et pas celui des avis" sur les projets de budgets, a dit le commissaire aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici.
Selon la Commission, la dette publique de la France atteindra 95,5% du PIB fin 2014, 98,1% fin 2015 et 99,8% fin 2016, des niveaux supérieurs à ceux attendus par la France (97,2% fin 2015 puis 98,0% fin 2016, après 95,3% fin 2014).
L'exécutif européen prévoit que le chômage se stabilisera l'an prochain en France, à 10,4% de la population active, soit le même niveau que cette année, avant de baisser à 10,2% en 2016.
(Bureau de Bruxelles et Jean-Baptiste Vey à Paris, édité par Yves Clarisse)