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Budget 2015: l'Italie fait un pas en direction de Bruxelles

Publié le 27/10/2014 16:32
Budget 2015: l'Italie fait un pas en direction de Bruxelles

L'Italie a fait lundi un geste conciliant envers la Commission européenne en annonçant une révision de son projet de budget 2015, tout en insistant sur l'absolue nécessité de relancer l'économie pour s'épargner une 4e et dévastatrice année de récession.

Comme attendu, le ministre de l'Economie et des Finances Pier Carlo Padoan a pris sa plume pour répondre aux critiques de Bruxelles sur le projet de loi de finances qu'il lui avait fait parvenir pour examen le 15 octobre.

"Le gouvernement italien s'engage à adopter des mesures supplémentaires en 2015 afin de renforcer l'effort budgétaire déjà envisagé par le projet de budget italien", écrit-il dans une lettre adressée au vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen, rendue publique par ses services.

Le projet initial prévoyait un déficit public de 2,9% du PIB après 3% en 2014 ainsi qu'un report de 2015 à 2017 de l'objectif d'équilibre du déficit structurel.

Dans un courrier déjà rendu public par l'Italie la semaine dernière, M. Katainen s'était inquiété de la "déviation importante" des objectifs budgétaires italiens et avait exigé des explications.

La démarche avait fait redouter un conflit ouvert entre Berlin et Bruxelles d'une part et les adversaires déclarés des politiques d'"austérité" en Europe de l'autre: l'Italie et surtout la France, dont le projet budgétaire 2015 sort également fortement des cadres européens.

L'Italie promet désormais d'améliorer sa copie en matière de déficit structurel, c'est-à-dire hors impact de la conjoncture sur la situation des finances publiques: l'effort sera "supérieur à 0,3 point de pourcentage" par rapport à 2014, contre une amélioration de 0,1 point dans le projet initial de budget, assure le ministre. Il reste cependant inférieur aux 0,5 point qu'attendait la Commission.

Selon la presse italienne, le chef du gouvernement Matteo Renzi a négocié ce compromis lors du sommet européen de vendredi à Bruxelles, dédramatisant le rappel à l'ordre et déclarant à sa manière badine: s'il faut un ou deux milliards d'euros supplémentaires, "nous les y mettrons demain matin".

- L'une des pires récessions -

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy avait lui aussi semblé vouloir relativiser la controverse budgétaire, relevant que le différend avait "de plus en plus des proportions qui dépassaient l'ampleur du problème".

"On ne parle pas d'une austérité tout à fait gigantesque", avait-il souligné.

Mais malgré ces concessions, l'Italie ne renonce pas sur le fond à ses mesures de relance, souligne M. Padoan dans sa lettre.

"Il est aussi de mon devoir de vous rappeler que l'économie italienne traverse l'une des pires et des plus longues récessions de son histoire. L'économie se trouve actuellement dans sa troisième année de récession et fait face à un sérieux risque de déflation ou de période prolongée de très basse inflation et de stagnation", souligne-t-il.

"Une quatrième année de récession doit être évitée par tous les moyens car il serait très problématique de hisser le pays hors d'une telle conjoncture. De plus, cela rendrait beaucoup plus difficile le maintien de la soutenabilité de la dette", écrit-il à M. Katainen.

La dette publique de l'Italie est l'une des plus vertigineuses d'Europe avec 2.148 milliards d'euros, et ses taux intérêts dépendent au quotidien de la confiance des marchés.

Interrogé lundi à Bruxelles sur l'annonce de Rome, le porte-parole de M. Katainen, Simon O'Connor, s'est félicité des "éléments constructifs fournis par l'Italie", mais a refusé de se prononcer sur le fond.

"Nous ne pouvons pas nous prononcer sur le résultat de l'évaluation" de la Commission, a-t-il dit, indiquant toutefois que Bruxelles communiquerait cette semaine en cas de "grave déviation" du budget d'un Etat-membre.

La France de son côté n'a pas encore fait connaître sa réponse à la Commission. Le président François Hollande avait espéré vendredi qu'une fois que cela serait fait, le pays, ayant fait "ce qu'il avait à faire", ne recevrait pas de nouvelle lettre de Bruxelles.

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