Les bugs et difficulté d'utilisation du nouveau système d'émission des cartes grises et des permis de conduire exaspèrent usagers et professionnels de l'automobile, qui avaient rendez-vous mardi soir au ministère de l'Intérieur pour faire le point.
"Nous voulons que le gouvernement nous donne un agenda de sortie de crise", a déclaré à l'AFP Francis Bartholomé, le président du Conseil national des professionnels de l'automobile (CNPA), l'un des invités du ministère.
Au cours de cet échange, le secrétaire général du ministère de l'Intérieur a annoncé que "le bug était identifié et le problème informatique résolu", a indiqué dans un communiqué commun des participants à l'issue de la réunion.
"La possibilité pour les professionnels habilités d'obtenir une immatriculation provisoire WW pour les véhicules importés est fonctionnelle depuis cet après-midi et la livraison des véhicules à leur client peut donc reprendre", a précisé le communiqué, ajoutant qu'un point d'étape sera réalisé sous 15 jours.
Depuis cet automne, les préfectures ont définitivement supprimé leur service "cartes grises", qui assistaient professionnels et particuliers pour l'obtention des titres d'immatriculation.
Les particuliers sont renvoyés vers le site internet de l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS), chargé de gérer leur demande.
Mais le site n'est pas facile à utiliser et connait des bugs, comme ceux dénoncés la semaine dernière par l'Automobile Club Association.
Les usagers sont confrontés à des "situations de blocage parfois ubuesques": impossibilité de se connecter, blocages en cours de demande, indiquait l'Automobile club.
Et il n'est pas possible de trouver de l'aide par téléphone, ou auprès des "médiateurs numériques" censés être installés dans les préfectures, dénonçait l'association.
Les professionnels de l'automobile ont également des difficultés, ne parvenant pas dans certains cas à obtenir de certificat d'immatriculation pour leurs clients.
C'est le cas en particulier pour ceux qui vendent des voitures importées de l'Union europénne, qui ont besoin d'une immatriculation provisoire.
"Nous avons des centaines de voitures bloquées", explique Nicolas Chartier, le directeur général d'Aramis Auto, spécialiste de la vente de véhicules d'occasion sur Internet.
D'autres opérations complexes sont devenues très difficiles à faire pour les professionnels.
Selon le CNPA, ils ont souvent le plus grand mal pour redonner une carte grise à un véhicule accidenté mais réparé, ou au contraire faire les formalités de mise à la casse.
"Le personnel de l'ANTS n'est ni suffisamment nombreux, ni suffisamment formé pour répondre aux questions des professionnels", dénonce de son côté Francis Bartholomé.
- Immatriculations stables -
Le ministère de l'Intérieur ne conteste pas les difficultés de connexion et d'utilisation du site de l'ANTS par certains utilisateurs, reconnaissant notamment que les rejets des dossiers ne sont pas suffisamment expliqués.
Selon ses chiffres, il y aurait également un stock d'environ 22.000 dossiers de véhicules importés en attente d'une carte grise.
Mais globalement, le nombre des immatriculations en novembre (885.000) est équivalent à celui de novembre 2016, ce qui montre que le problème reste d'ampleur limitée, estime-t-il.
En tout cas, la situation profite aux intermédiaires qui proposent aux particuliers de faire les démarches d'immatriculation à leur place.
"Nous avons deux à trois fois plus d'appels client", explique Benoit Ginet, le fondateur de eplaque.fr, l'un de ces intermédiaires.
Sa petite entreprise d'une douzaine de salariés a dû augmenter de 50% ses effectifs pour parvenir à répondre aux demandes d'information de ses clients.
Les auto-écoles, qui sont membres du CNPA se plaignent de nombreuses difficultés pour remplir les dossier de leurs candidats aux permis.
"On perd du temps, et on perd des places aux examens pour nos candidats", a expliqué à l'AFP la responsable d'une auto-école de la région parisienne. "Avant on pouvait joindre quelqu'un à la préfecture pour résoudre les problèmes, maintenant on ne peut plus".
La réforme des demandes de cartes grises et de permis s'inscrit dans un plan plus vaste destinés à décharger les préfectures de nombreuses tâches de délivrance de documents officiels, en s'appuyant sur la numérisation et les télé-procédures.
Les demandes de passeport et de cartes d'identité sont également concernées par ce plan qui doit permettre de redéployer les agents des guichets vers d'autres missions.