L'annonce ce week-end par l'Allemagne d'importantes baisses d'impôts, après des projets similaires en Italie ou en Suède, confirme la tendance en Europe: la plupart des pays font fi de l'envolée de leurs déficits et veulent donner la priorité à la relance.
La chancelière allemande Angela Merkel et ses nouveaux alliés libéraux prévoient au total 24 milliards d'euros d'allègements fiscaux en faveur des ménages et des entreprises dans leur programme de gouvernement pour les quatre ans de législature.
"Nous devons accepter un nouvel endettement exceptionnellement élevé" qui ne sera réduit qu'une fois la crise surmontée, a prévenu le nouveau ministre désigné des Finances, le chrétien-démocrate Wolfgang Schäuble.
L'Italie fait aussi le pari de la baisse des charges fiscales pour soutenir l'activité, après la pire récession qu'ait connue le continent depuis la Deuxième guerre mondiale.
Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi a annoncé jeudi, à cinq mois d'élections régionales, que son gouvernement étudiait une diminution, voire même une suppression à terme de la taxe professionnelle, répondant ainsi aux demandes du patronat et d'une partie de sa majorité.
Une initiative qui, selon la presse, n'a guère été appréciée par son ministre de l'Economie Giulio Tremonti, partisan de la rigueur budgétaire et qui aurait menacé de démissionner.
Ce faisant, l'Italie suit l'exemple donné déjà par la France de Nicolas Sarkozy qui a supprimé la taxe professionnelle. Une décision qui va représenter un allègement fiscal de 11,7 milliards pour les entreprises en 2010 et de 4,3 milliards par an en régime de croisière.
Le gouvernement de centre-droit suédois, qui préside actuellement l'Union européenne, vient aussi d'annoncer de nouvelles baisses de l'impôt sur le revenu afin de stimuler le marché du travail. Elles sont certes plus modestes (10 milliards de couronnes, soit 990 millions d'euros) mais le signal est clair.
Toute l'Europe n'est pas au diapason. Le gouvernement socialiste espagnol, confronté à une récession particulièrement sévère, a ainsi à l'inverse prévu l'an prochain 11 milliards d'euros de hausse d'impôts controversée, dont une augmentation de la TVA, pour ne pas trop laisser filer les déficits.
Mais dans la plupart des pays, pas question aujourd'hui de mener des politiques de rigueur. La réduction des déficits et de la dette, gonflés à des niveaux énormes par la crise économique, attendra.
A l'heure actuelle, les trois quarts des pays de l'UE ont été épinglés pour dépassement de la limite de déficit fixée par le Pacte de stabilité européen, soit 3% du Produit intérieur brut par an.
Le dérapage incontrôlé commence à inquiéter la Commission européenne, gendarme budgétaire de l'UE, qui a notamment la France en ligne de mire. Il préoccupe déjà sérieusement la Banque centrale européenne, chargée de veiller à l'euro, dont la crédibilité dépend aussi de la situation budgétaire des Etats qui l'utilisent.
"Nous sommes en faveur d'une stricte observance du Pacte de stabilité", a mis en garde cette semaine le président de la BCE, Jean-Claude Trichet. Il réclame aux pays de l'UE des efforts de rigueur à partir de 2011 plus importants que ceux-ci sont prêts aujourd'hui à faire.
Les ministres des Finances de l'UE viennent de se fixer en la matière un objectif peu contraignant. Ils veulent certes commencer à retirer leurs mesures de relance à partir de 2011 mais seulement si la reprise économique est vraiment au rendez-vous. Ce qui laisse une marge de manoeuvre.