BANJUL (Reuters) - Des tirs ont retenti dans la nuit de lundi à mardi aux alentours du palais présidentiel à Banjul, capitale de la Gambie, et l'accès au pont conduisant au centre-ville était bloqué par des soldats mardi, mais le gouvernement a écarté l'hypothèse d'un coup d'Etat.
Selon un diplomate, des hommes armés ont attaqué la "State House", la résidence du président Yahya Jammeh, durant la nuit. Un autre diplomate d'Afrique de l'Ouest interrogé par Reuters a indiqué dans l'après-midi que les assaillants tenaient une partie de la capitale.
Au moment des faits, le chef de l'Etat se trouvait à l'étranger, à Dubaï ou en France. Il est arrivé dans la soirée au Tchad à bord d'un avion aux armes de la présidence, a constaté un journaliste de Reuters à N'Djaména.
Des appels au soulèvement pour empêcher son retour ont été diffusés sur les ondes de stations de radios proches de l'opposition et basées à l'étranger.
"Contrairement aux rumeurs qui circulent, la paix et le calme continuent de prévaloir en Gambie. Le gouvernement exhorte le public et les entreprises à poursuivre leurs activités normales", dit le gouvernement dans un communiqué lu à la radio publique.
Dans le centre de Banjul, les forces de l'ordre patrouillaient plusieurs heures après les échanges de tirs qui se sont déroulés dans la matinée, selon des témoins.
Les banques et certains bâtiments administratifs étaient fermés et les habitants restaient cloîtrés chez eux.
La télévision publique a annoncé que le président Jammeh s'était rendu à Dubaï durant le week-end, mais aucune confirmation officielle n'a été donnée.
A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a fait savoir qu'il n'avait pas effectué de déplacement officiel en France. Rien n'indique qu'il ait pu s'y trouver pour un motif personnel, a-t-on ajouté de sources diplomatiques.
Yahya Jammeh, qui est de plus en plus critiqué à l'étranger pour son bilan en matière de droits de l'homme, a pris le pouvoir par la force il y a 20 ans. Il a étouffé toute opposition dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.
(Bate Felix, Diadie Ba à Dakar, Ingrid Melander à Paris; Tangi Salaün, Agathe Machecourt et Jean-Philippe Lefief pour le service français)