La croissance du PIB chinois au 3e trimestre 2015 sera probablement la plus faible depuis la crise financière mondiale de 2009 selon un panel d'analystes interrogés par l'AFP, confirmant les inquiétudes des investisseurs après la débâcle boursière estivale et la dévaluation de la monnaie chinoise.
Les signaux montrant que la deuxième économie mondiale - principal moteur de la croissance planétaire - est en difficulté viennent renforcer la pression sur Pékin, appelé à agir davantage pour éviter un atterrissage brutal.
Le produit intérieur brut (PIB) devrait avoir augmenté de 6,8% sur un an au cours des trois mois de juillet à septembre, selon la prévision médiane d'un panel de 19 économistes et experts.
Le chiffre officiel, qui sera annoncé lundi, s'il confirme cette prévision, sera le pire depuis début 2009. Il s'ajoutera à une série d'indicateurs décevants, avivant les inquiétudes quant au net ralentissement de la croissance chinoise qui fait frémir les marchés internationaux.
Ces peurs ont tourné à la débâcle mondiale après l'éclatement de la bulle boursière chinoise en juin - la Bourse de Shanghai dégringolant de quelque 35% - et la dévaluation surprise du yuan en août, qui ont alimenté les craintes d'un ralentissement de la croissance.
Ce coup de semonce a fortement touché les autres économies émergentes, a poussé la Réserve fédérale américaine (Fed) à reporter le relèvement de ses taux et a fait chuter le prix des matières premières, comme le cuivre et le pétrole dont la Chine est très gourmande, aux niveaux les plus bas depuis plusieurs années.
En mars, le Premier ministre chinois Li Keqiang prévoyait une croissance économique pour 2015 d'"environ 7%", fruit d'une "nouvelle normalité" guidée par la consommation intérieure au détriment des exportations et des investissements publics, piliers de croissance traditionnels.
La croissance au premier semestre 2015 a été officiellement de 7%.
- 'La baisse continuera' -
L'enquête de l'AFP, réalisée auprès d'un panel d'analystes de banques, maisons de courtage et sociétés de conseil chinoises et étrangères - en Chine continentale et à Hong Kong -, prévoit une croissance de 6,9% pour l'ensemble de l'année 2015.
"Nous savons tous qu'il sera impossible d'atteindre 7% de croissance cette année", estime Chang Jian, économiste pour Barclays (L:BARC) Capital, qui prévoit un taux de 6,5% au 3e trimestre et 6,6% pour l'ensemble de l'année.
"La tendance baissière continuera l'an prochain et le ralentissement se poursuivra relativement longtemps", selon elle.
Le PIB chinois a augmenté de 7,3% l'an passé, le taux le plus faible depuis 1990.
Les chiffres officiels de la croissance - sur lesquels le pouvoir compte pour assurer sa légitimité - font l'objet d'un scepticisme grandissant, mais Pékin se défend de minimiser le ralentissement économique.
Le Fonds monétaire international a prévenu que l'économie chinoise n'était pas à l'abri d'un "atterrissage brutal" si le gouvernement ne s'engageait pas dans des réformes structurelles.
La Chine a abaissé à cinq reprises ses taux d'intérêt en moins d'un an et réduit les ratios de réserves obligatoires imposés aux banques, des mesures qui doivent se concrétiser dans l'économie réelle.
"Nous espérons davantage d'assouplissement monétaire au quatrième trimestre, qui conduise à un rebond économique", a déclaré Ma Xiaoping, économiste de HSBC.
Des célébrités ont cherché à minimiser le ralentissement économique, dont Jack Ma, fondateur du géant du e-commerce Alibaba, dont les actions cotées à Wall Street ont lourdement chuté.
"C'est comme le corps humain. Si vous atteignez 1 mètre 80, vous ne pouvez pas avoir une croissance annuelle de 10%", a-t-il métaphorisé cette semaine.
Le montant des importations chinoises a lourdement chuté en septembre sur un an (-20,4%), ont annoncé mardi les douanes chinoises.
L'indice des prix à la consommation (IPC), principale jauge de l'inflation, a également sensiblement baissé en septembre sur un an, à +1,6%.
Lu Zhengwei, analyste chez Industrial Bank, prévoit cependant une amélioration fin 2015, avec "l'assouplissement de la politique monétaire qui commencera à avoir des effets". "Du moins, la (situation économique) ne s'aggravera pas", estime-t-il.