par Gilles Guillaume et Laurence Frost
PARIS (Reuters) - Michelin a annoncé mardi des résultats 2014 en baisse, les pressions sur les prix et les effets de change négatifs éclipsant l'allègement de la facture en matières premières et des gains de compétitivité que le fabricant de pneumatiques a décidé d'accélérer d'ici l'an prochain.
Le groupe clermontois, qui défend un positionnement haut de gamme sur un marché du pneu très concurrentiel, a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 19,55 milliards d'euros, en baisse de 3,4%, tandis que son résultat opérationnel, avant éléments non récurrents, a reculé de 2,9% à 2,17 milliards. Hors périmètre et effet de changes, le résultat opérationnel ressort en légère hausse.
Le résultat net a atteint quant à lui 1,03 milliard d'euros (-8,5%), inférieur au consensus Thomson Reuters I/B/E/S qui donnait 1,3 milliard.
Michelin a proposé de verser un dividende de 2,50 euros par action, stable d'un exercice sur l'autre.
"Les résultats de l'année 2014 confirment la solidité des fondamentaux du groupe (...) et démontrent la pertinence et le bien-fondé de la stratégie (de Michelin)", a déclaré le président Jean-Dominique Senard au cours d'une conférence de presse. "En 2015, notre priorité portera sur l'accélération des leviers de croissance."
Michelin a ainsi augmenté de 200 millions d'euros, à 1,2 milliard, son objectif de gains de productivité sur la période 2012-2016, pour moitié grâce à des économies sur les frais généraux et pour l'autre via des réductions de coûts dans l'appareil industriel et les transports.
L'action Michelin s'inscrit comme la plus forte baisse de l'indice CAC 40 après ces annonces. A 10h13, elle perd 4,3% à 82,62 euros, tandis que l'indice parisien est quasi inchangé (-0,06%).
"Au vu de la performance de 2014, nous pensons que 2015 sera toujours impacté par un environnement prix négatif et nous ne nous attendons pas à ce que l'action surperforme à cour terme", commente un trader en poste à Paris.
Au cours de la conférence de presse, le directeur financier Marc Henry a précisé que l'effet prix-mix devrait rester négatif cette année, à hauteur de 300-350 millions d'euros, contre -449 millions en 2014.
RENFORCER L'OFFRE EN PNEUS INTERMÉDIAIRES
Les analystes s'interrogent de manière récurrente sur le positionnement premium de Michelin face à des rivaux comme Continental ou à la pression de nouveaux entrants venus d'Asie.
La marque éponyme du groupe résiste bien sur les segments supérieurs (17 pouces et plus), mais Michelin reconnaît qu'il lui faut se renforcer sur le segment intermédiaire en étoffant l'offre de sa marque BF Goodrich en Amérique du Nord ou via des acquisitions si elles se présentent.
L'année 2014 aura été marquée par des marchés globalement peu porteurs, à l'exception de l'Amérique du Nord et de la Chine, et les volumes du groupe se sont hissés de 0,7%, une performance légèrement en deçà de la fourchette de +1 à +2% que Michelin visait encore fin octobre.
La fin de l'année en Europe a également été marquée par une faible demande en pneus d'hiver en raison des conditions météorologiques relativement clémentes, alors que les marges sur ce type d'équipement sont supérieures à celles des pneumatiques d'été.
En 2015, Michelin s'est fixé pour objectifs une croissance des volumes "en ligne avec l'évolution mondiale des marchés" et une nouvelle hausse de son résultat opérationnel avant éléments non récurrents, "au-delà de l'effet de change".
Le groupe compte bénéficier à nouveau cette année de la baisse des prix du caoutchouc naturel et des produits pétroliers, qui composent l'essentiel d'un pneu, à hauteur de 450 millions d'euros après +567 millions en 2014.
Avec la baisse de l'euro, l'effet de change devrait de son côté s'inverser cette année et devenir positif d'environ 150 millions d'euros, après avoir pesé à hauteur de 145 millions l'an dernier.
Le groupe prévoit par ailleurs en 2015 une hausse de la demande en pneus tourisme, camionnette et poids lourd en Amérique du Nord et en Chine, une légère hausse en Europe, une stagnation sur les nouveaux marchés émergents et un rebond en Asie du Sud-Est.
Michelin s'attend en revanche à une contraction dans les pneus miniers et les pneus agricoles.
Le groupe clermontois a affiché l'an dernier un cash-flow libre hors acquisition de 722 millions d'euros et l'attend cette année à environ 700 millions d'euros.
(Avec Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez)