Peu avant d'accueillir Donald Trump, Emmanuel Macron et Angela Merkel coprésideront jeudi à Paris le conseil des ministres franco-allemand, une nouvelle occasion de s'afficher en couple soudé, déterminé à jouer un rôle moteur en Europe sur fond de Brexit.
"Je veux, avec la chancelière, construire des projets ambitieux et concrets, avec une ligne claire", a assuré jeudi au quotidien régional Ouest France le pro-européen Emmanuel Macron, dont ce sera le premier conseil franco-allemand depuis son arrivée au pouvoir le 7 mai.
A moins de trois mois des élections législatives en Allemagne, il sera en revanche difficile pour Paris et Berlin d'avancer sur des dossiers clés comme la réforme de la zone euro souhaitée par le président français, qui voudrait notamment que l'eurozone se dote d'un ministre des Finances et d'un budget propres.
"Je veux que la zone euro ait plus de cohérence, de convergence (...) Ceux qui étaient déjà endettés se sont retrouvés plus endettés. Ceux qui étaient compétitifs se sont retrouvés plus compétitifs. Il y a des gagnants: l’Allemagne en fait partie parce qu’elle a su faire les réformes", mais Berlin "bénéficie aussi des dysfonctionnements de la zone euro. Cette situation n’est pas saine", déclare le président dans son interview à Ouest France.
Pour M. Macron, "la France doit réformer son économie pour lui donner plus de vigueur", mais l'Allemagne, de son côté, "doit accompagner une relance de l’investissement public et privé en Europe".
Malgré des divergences de vue, la chancelière allemande semble prête à discuter avec Paris mais tient pour l'heure à distance ces sujets impopulaires dans l'opinion allemande, le temps de mener sa campagne électorale avant le scrutin de septembre.
Le conseil de jeudi, aura un menu chargé: défense européenne, lutte contre le terrorisme, Alliance pour le Sahel ou encore harmonisation fiscale et sociale dans l'UE.
- Appel à contribution financière -
Point fort de la matinée, une réunion du conseil franco-allemand de défense et de sécurité, présidé par les deux dirigeants.
M. Macron devrait notamment demander à la chancelière de contribuer au financement de la force antijihadiste G5 Sahel (Mauritanie, Tchad, Mali, Niger et Burkina Faso) récemment créée sous l'impulsion de la France, ainsi qu'une participation financière à un fonds d'aide au développement baptisé "Alliance pour le Sahel".
Sur l'Europe de la défense, après un sommet européen qui a créé fin juin un fonds européen ad hoc, jetant aussi les bases d'une "coopération structurée permanente", Paris espère annoncer des projets de coopération plus concrets jeudi.
"Nous ferons une liste d'actions par ministère pour avoir des projets clairs plutôt qu’une grande déclaration générale", explique-t-on à l'Elysée.
Sur le plan économique, le conseil des ministres doit entériner la création d'un fonds d’investissements d’un milliard d’euros dans le domaine du numérique, ou encore le lancement d’un programme conjoint sur les nanotechnologies et les batteries.
Au niveau fiscal, la chancelière a par ailleurs évoqué cette semaine "la relance des (efforts) pour aligner davantage les conditions générales de l'imposition des entreprises" des deux côtés du Rhin.
Au conseil de jeudi, Emmanuel Macron et Angela Merkel mettront enfin l'accent sur le développement des échanges culturels et l'apprentissage de l'allemand dans les écoles françaises.
Ils se rendront ensemble dans des locaux parisiens de l'Office franco-allemand pour la jeunesse, organisation créée en 1963 par Charles de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer pour resserrer les liens entre jeunes Français et jeunes Allemands.
L'occasion de rappeler le rétablissement par Emmanuel Macron des classes bilangues partiellement supprimées par la précédente majorité politique, au grand dam de l'Allemagne.
Après une matinée de discussions avec Mme Merkel et une conférence de presse commune à 12h00 GMT, Emmanuel Macron recevra le président américain Donald Trump à Paris, qui assistera vendredi au traditionnel défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées. Mme Merkel ne devrait pas croiser M. Trump à l'Elysée, les programmes ne prévoient pas de rencontre.