L'association française de consommateurs CLCV s'est élevée mardi contre "l'asymétrie de traitement" entre les clients américains et européens de Volkswagen (DE:VOWG_p) dans l'affaire du "dieselgate", sur fond d'un accord à 14,7 milliards de dollars outre-Atlantique.
Volkswagen a accepté de débourser cette somme pour régler le litige lié au scandale de ses moteurs diesel truqués aux Etats-Unis, selon des documents judiciaires publiés mardi.
Ce compromis, qui doit encore être approuvé par la justice, ouvre la voie au rachat potentiel aux Etats-Unis de quelque 480.000 voitures équipées d'un logiciel truqueur.
Leurs propriétaires, qui auront également la possibilité de faire réparer leurs véhicules aux frais du constructeur allemand, pourront en outre recevoir des indemnités en cash pouvant aller jusqu'à 10.000 dollars par personne.
"La peur des conséquences économiques beaucoup plus importantes aux Etats-Unis a poussé le groupe automobile à prendre en considération la demande des consommateurs. Pour les Européens qui subissent le même préjudice, rien d'autre que la mise aux normes n'est prévu", a indiqué la CLCV.
- Logiciels truqueurs -
Volkswagen a admis avoir installé des logiciels truqueurs dans 11 millions de moteurs diesel dans le monde, dont près de 600.000 aux Etats-Unis. Ces programmes réduisaient artificiellement les émissions d'oxydes d'azote (NOx) lorsqu'ils détectaient que le véhicule était en train d'être testé.
L'entreprise est engagée dans une importante opération de rappel, qui devrait s'étaler sur toute l'année 2016 et concerne en France quelque 900.000 véhicules. La CLCV a porté plainte en octobre 2015 contre Volkswagen pour "tromperie aggravée et pratiques commerciales déloyales".
Face aux députés français en février, le président du directoire de VW France, Jacques Rivoal, avait fait valoir que les situations et législations étaient différentes des deux côtés de l'Atlantique et écarté un dédommagement des clients.
"Le NOx est une donnée contractuelle aux Etats-Unis, elle ne l'est pas en Europe", avait-il indiqué, et la solution technique n'a pas été validée pour les diesels incriminés aux Etats-Unis, contrairement à ce qui a cours sur le Vieux Continent.
A la mi-juin, l'association belge de défense des consommateurs Test-Achats avait annoncé lancer une action collective pour exiger le "remboursement total" des véhicules VW équipés de moteurs diesel truqués vendus en Belgique après le 1er septembre 2014.
De son côté, la députée européenne (EELV) Karima Delli, très en pointe dans la lutte contre la pollution automobile, a dénoncé mardi un "deux poids, deux mesures" en forme de "double peine pour le consommateur européen".
"Il se fait arnaquer au même titre que le consommateur américain et on voudrait nous faire croire aujourd'hui qu'il n'a subi aucune perte", s'est insurgée la parlementaire, en assurant que "la cote des véhicules Volkswagen et diesel en général est en perte de vitesse sur le marché de l'occasion".
"Si Volkswagen tient vraiment à se sortir de ce scandale par le haut, le groupe devrait commencer par traiter les consommateurs européens et américains sur un pied d'égalité", a insisté Mme Delli.