Le président François Hollande se rendra au Japon du 6 au 8 juin pour une visite d'Etat consacrée notamment aux "partenariats" économiques et énergétiques, d'après son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.
L'attribution la semaine dernière au français Areva et au japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) du contrat de construction d'une centrale nucléaire en Turquie "est tout à fait symbolique du travail que nous pouvons faire ensemble", s'est félicité M. Fabius dans un entretien avec l'AFP.
Ce dernier effectuait mardi une visite de 24 heures à Tokyo pour préparer la venue de M. Hollande, la première visite dite d'Etat d'un président français depuis 1996, même si plusieurs séjours de rang inférieur de présidents ont eu lieu entre-temps.
"Ce sera l'occasion de mettre en place un partenariat d'exception entre le Japon et la France, sur l'aspect politique, sur le volet économique pour les relations entre des entreprises de nos deux pays, et enfin sur le plan culturel, pour une meilleure diffusion de la culture japonaise dans le monde par le biais de la France", a expliqué lors d'un point de presse le ministre japonais des Affaires étrangères, Fumio Kishida.
"Cette visite fera une grande place aux partenariats" franco-japonais dans le domaine éducatif, culturel, économique ou énergétique, a confirmé M. Fabius, qui a évoqué des coopérations "soit directes, soit pour aller ensemble vers des pays tiers", comme dans le cas du contrat nucléaire turc.
Les échanges commerciaux franco-japonais représentent 16,5 milliards d'euros par an, avec un déficit de 1,7 milliard du côté français - bien qu'il ait fondu des deux tiers depuis 2004.
L'Union européenne et le Japon viennent par ailleurs de lancer des négociations pour conclure un accord de libre-échange.
Bien que le quotidien économique Nikkei ait évoqué la vente possible d'une vingtaine d'Airbus A350 à la compagnie aérienne Japan Airlines (JAL), M. Fabius n'a pas souhaité commenter cette hypothèse et a jugé peu probable l'annonce "de grands contrats" lors de la visite présidentielle.
Il a en revanche souligné que "beaucoup de choses" pouvaient être faites dans l'énergie, où les Français comme les Japonais veulent construire "un +mix énergétique+ assez divers, développer la part des énergies renouvelables et (conserver) une part significative" d'énergie nucléaire dans la production d'électricité.
Par ailleurs, "les deux pays souhaitent renforcer la structure d'échanges d'informations en matière de sécurité, essentielle pour les entreprises travaillant en Asie et en Afrique", a souligné M. Kishida.
Le Japon avait constaté ses faiblesses sur ce point lors de la mort de dix de ses ressortissants sur le site gazier d'In Amenas en Algérie, cible d'une attaque meurtrière mi-janvier par un commando islamiste.
Evoquant aussi la Corée du Nord qui a récemment menacé le Japon du "feu nucléaire", M. Fabius a condamné "toutes les provocations nord-coréennes" et soutenu "tout ce qui va dans le sens d'une zone paisible, dénucléarisée" sur la péninsule coréenne.
"L'attitude de la Corée du Nord, même si j'espère qu'il va y avoir des évolutions, ne nous pousse pas à développer notre présence diplomatique là-bas", a-t-il précisé. La France n'a pas de relations diplomatiques avec Pyongyang où elle n'a qu'un simple bureau de représentation culturelle.
"Nous avons convenu qu'il était nécessaire de continuer à faire passer le message que nous ne pourrions jamais admettre que la Corée du Nord puisse posséder l'arme nucléaire", a pour sa part insisté M. Kishida lors de la conférence de presse avec M. Fabius.
Lors de son séjour, le ministre français a enfin souhaité que soient résolues pacifiquement les querelles territoriales du Japon avec la Chine, qui est aussi selon lui un partenaire incontournable de la France.