par Michael Nienaber
BERLIN (Reuters) - Le climat des affaires en Allemagne a subi en avril une détérioration inattendue, les entreprises se déclarant moins optimistes qu'au début de l'année sur les perspectives économiques, notamment à l'export, montre lundi l'enquête mensuelle publiée de l'institut Ifo.
Son indice du climat des affaires, calculé à partir d'un échantillon de 7.000 entreprises, est revenu à 106,6 pour le mois en cours, contre 106,7 en mars et 105,7 en février.
Les économistes interrogés par Reuters avaient anticipé en moyenne un indice à 107,0 pour le mois d'avril, leurs estimations s'échelonnant de 106,0 à 108,0.
Le sous-indice mesurant le jugement des entreprises sur la situation actuelle s'est établi à 113,2 contre 113,8 en mars et 112,9 en février, alors que les économistes le prévoyaient inchangé.
Le sous-indice des anticipations a atteint 100,4 contre 100,0 en mars, 98,9 en février et 100,8 attendu.
"Le moral est bon mais pas euphorique dans l'économie allemande", a commenté Klaus Wohlrabe, économiste de l'Ifo, en évoquant les inquiétudes liées au ralentissement des exportations - moteur traditionnel de la première économie d'Europe - en Chine et aux Etats-Unis notamment.
La baisse de l'indice Ifo est due entre autres à la détérioration du climat dans les secteurs du commerce de gros et de la distribution, tandis qu'il s'est amélioré dans l'industrie manufacturière et la construction, précise l'enquête.
DES CRAINTES DE RALENTISSEMENT EXAGÉRÉES
Plusieurs indicateurs économiques récents ont dressé un tableau plutôt positif de la conjoncture en Allemagne, la production industrielle dépassant les prévisions et les exportations repartant de l'avant en février, ce qui a ravivé l'espoir d'une accélération de la reprise.
Les principaux instituts d'études économiques du pays estiment ainsi que le taux de croissance du premier trimestre aura atteint 0,6%, soit le double de celui des trois derniers mois de l'an dernier.
Pour Carsten Brzeski, économiste de la banque ING (AS:ING), les derniers résultats de l'enquête Ifo suggèrent que les craintes d'un ralentissement marqué de l'économie mondiale étaient exagérées et que l'économie allemande dispose d'une capacité de résistance importante.
Mais il ajoute que le secteur manufacturier peine encore à retrouver de l'allant et que la compétitivité des entreprises allemandes se dégrade, ce qui alimente les doutes sur la capacité du pays à s'appuyer sur un modèle fondé sur la consommation plutôt que sur l'export.
"Sous la surface des indicateurs retardés solides apparaît un tableau plus préoccupant", poursuit l'économiste. "L'économie n'est plus tirée par la vielle formule qui avait fait ses preuves, mais par de nouveaux facteurs: la consommation, la construction et les services."
En tenant compte du dynamisme de la consommation et de l'augmentation de la dépense publique, le gouvernement d'Angela Merkel table sur une croissance de 1,7% cette année et de 1,5% l'an prochain, après 1,7% en 2015.
La première estimation de la croissance du premier trimestre est attendue le 13 mai. L'Ifo anticipe pour janvier-mars une augmentation de 0,6% du produit intérieur brut (PIB) avant une croissance projetée de 0,3% au deuxième trimestre.
(Benoit Van Overstraeten et Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)