PARIS (Reuters) - Donner aux jeunes issus de l'immigration la fierté d'être français : c'est le message de Manuel Valls dans Le Parisien Magazine, où il revient sur son parcours d'enfant né à l'étranger de parents étrangers, naturalisé à 20 ans.
A dix jours du premier tour des élections départementales où le Front national devrait faire un gros score selon les sondages, le Premier ministre pose en "une" de l'hebdomadaire avec à la main une photographie en noir et blanc le représentant, enfant, en compagnie de sa mère.
Né en 1962 à Barcelone d'un père espagnol et d'une mère à double nationalité espagnole et suisse, originaire d'un canton de langue italienne, Manuel Valls dit avoir vécu "pleinement cette triple culture espagnole -- et catalane -- italienne et française."
"Je me sentais à la fois espagnol et français", raconte le chef du gouvernement, arrivé en politique dans le sillage de l'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard, "découvert au soir des législatives de 1978".
"C'est à 16 ans, quand j'ai dû aller chercher ma carte de séjour de deux ans, que j'ai compris que je n'étais pas français", raconte Manuel Valls, qui dit avoir alors subi un "interrogatoire" dans un commissariat du IVe arrondissement de Paris.
Au regard de son histoire personnelle, le Premier ministre estime qu'on n'est pas "français par sa naissance, sa couleur de peau ou ses origines mais parce qu'on adhère à un projet, à des valeurs, à une communauté nationale".
La communauté française repose à ses yeux sur "trois piliers" que sont la langue, l'histoire, la laïcité.
"Nos ancêtres ne sont pas tous Gaulois mais tous nos enfants seront français", dit-il.
"Ceux qui, comme moi, ont appris à devenir français, à aimer ce pays, ses valeurs, sa langue, sa littérature, sa culture, ont une conviction, un amour immense pour la France. Nous voulons lui rendre ce qu'elle nous a donné."
Manuel Valls invite à "lutter contre les clichés et surtout contre les discriminations qui empêchent les jeunes de progresser dans leurs études, d'obtenir un logement, un emploi". Il dit vouloir redonner aux jeunes issus de l'immigration "de la considération et de la fierté, sans être naïfs ni ignorer les problèmes dans nos quartiers."
"Avec le FN à 30% dans les sondages et la progression de l'islamisme et du djihadisme, nous devons relever ce défi", insiste-t-il.
(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)