De plus en plus de Français bénéficient d'offres bancaires réservées aux clients fragiles financièrement, mais ces services d'"inclusion bancaire" sont bien loin de profiter à tous ceux qui pourraient y être éligibles, montre un bilan annuel.
Mise en oeuvre en 2013, "l'offre spécifique" permet à des personnes en situation de fragilité financière de bénéficier de services bancaires de base pour trois euros maximum par mois.
Mais elle "reste insuffisamment déployée", constate mardi dans son dernier rapport annuel l'Observatoire de l'inclusion bancaire, chapeauté par la Banque de France, appelant banques et associations à redoubler d'efforts.
En 2017, le nombre de bénéficiaires a pourtant augmenté de 40% comparé à l'année précédente, pour atteindre 351.000 au total.
Mais parallèlement le nombre de personnes en situation de fragilité financière a été réévalué en hausse à 3,6 millions, soit 1,2 million de plus qu'en 2016, grâce à une détection plus fine des situations individuelles par les établissements bancaires. Cette évolution concerne principalement la Banque Postale "du fait de son engagement social", est-il précisé.
D'où un chiffre de seulement 10% des personnes éligibles utilisant cette offre à fin 2017, identique au niveau recensé fin 2016.
Dans ce contexte, l'Observatoire explique avoir "adopté fin 2017 des préconisations visant à ce que les banques mettent en place une organisation et des moyens renforcés" de développement de l'accessibilité, de la visibilité et de la promotion de l'offre spécifique, tout en mettant l'accent sur la formation "systématique" des employés.
"Il y a aussi un effort de promotion et d'information sur l'offre spécifique (à fournir) par les associations", a précisé lors d'une conférence de presse le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui préside l'Observatoire.
Comme l'an passé, M. Villeroy de Galhau a estimé que l'offre spécifique créée "n'est pas suffisamment connue de ses bénéficiaires potentiels", tout en saluant "une forte mobilisation" des réseaux bancaires et des associations en faveur de ce dispositif.
- Amélioration sur le surendettement -
Au chapitre des bonnes nouvelles, l'Observatoire s'est félicité d'une nouvelle baisse des procédures de droit au compte.
Ce dispositif, distinct des offres spécifiques, permet à une personne physique ou morale qui se voit refuser l'ouverture d'un compte par un établissement de saisir la Banque de France, laquelle doit désigner une agence obligée de fournir un service bancaire de base gratuit.
Les demandes adressées à la Banque de France ont reculé de 12% sur un an à 50.100 , pour des personnes physiques, à la faveur des "efforts fournis par les banques et au développement des offres alternatives", a souligné M. Villeroy de Galhau.
Autre signal positif, sur le front cette fois de la lutte contre le surendettement, le nombre de dossiers présenté aux commissions compétentes a baissé de 7% en 2017, à 181.000, et affiche un repli de 22% depuis 2014.
Un recul dû - entre autres - aux évolutions législatives des dernières années qui ont permis de mieux encadrer le crédit à la consommation, lequel joue un rôle important dans le surendettement. Diverses mesures administratives ont par ailleurs permis de faire gagner en moyenne trois mois à 100.000 familles dans le traitement des dossiers.
Fin 2017, la population dite "fragile" se caractérisait par une moyenne de 3,7 crédits à la consommation, dont 2,5 renouvelables, souvent souscrits auprès de sociétés autres que la banque du quotidien. Seules 11% des personnes concernées détenaient un crédit immobilier, contre 24% pour le reste de la population.
En parallèle, le micro-crédit accompagné par des associations et des banques a poursuivi son essor (+6% pour atteindre 1,2 milliard d'euros d'encours fin 2017).
"Le micro-crédit accompagné est un excellent instrument d'inclusion bancaire, que la Banque de France entend soutenir plus activement encore en 2018, en allouant notamment 5 millions d'euros de fonds propres en garantie", souligne l'Observatoire.