PARIS (Reuters) - Le Medef propose la mise en place de contrats de travail aidés pour les entreprises, avec un salaire "transitoire" inférieur au smic mais complété par une aide publique, afin d'encourager l'embauche de personnes "très éloignées de l'emploi".
Lors de la présentation d'un ensemble de propositions destinées à relancer l'emploi en France, le président de l'organisation patronale, Pierre Gattaz, s'est défendu de vouloir s'en prendre au salaire minimum.
"Nous ne remettons pas en cause le smic", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. "Par contre, ce que nous disons, c'est qu'il faut trouver pour des populations qui n'ont pas travaillé depuis un an, deux ans, voire plus, des systèmes pour les réintégrer dans l'entreprise."
Or, a-t-il estimé, le niveau du smic - aux alentours de 1.700 euros par mois, charges sociales comprises - est trop élevé pour permettre une telle réintégration.
Dans son "petit livre jaune", le Medef estime que cela fait notamment obstacle au développement d'emplois de services et de proximité, qui permettraient de mettre le pied à l'étrier de chômeurs de longue durée ou de personnes peu ou pas qualifiées.
"Nous proposons une rémunération plus faible que le smic mais complétée par une aide temporaire de l'Etat", a expliqué Pierre Gattaz. "Deuxièmement, nous proposons de les former à un métier. C'est un investissement que doit faire la collectivité."
Les allocations sociales destinées à compléter ce "salaire transitoire d'accès à l'emploi" assureraient un pouvoir d'achat équivalent au smic, souligne un document de synthèse du Medef.
"Ça peut durer six mois, neuf mois, un an", a précisé Pierre Gattaz, selon qui la durée maximale d'un tel "contrat aidé marchand" ne devrait pas excéder deux ans.
Il a récusé l'idée que ce concept soit un simple avatar du revenu de solidarité active (RSA) dit d'activité, dont le but est aussi d'inciter au retour à l'emploi en complétant un petit salaire mais que le Medef juge inefficace.
Jusqu'ici, l'organisation patronale ne s'était guère montrée favorable à l'idée de contrats aidés. Elle reste au demeurant hostile à ce type de dispositif dans la fonction publique.
"Les vrais emplois durables sont les emplois rentables, donc il faut mettre ces populations dans l'entreprise", a souligné Pierre Gattaz, qui a dit vouloir débattre de cette proposition avec le gouvernement et les partenaires sociaux.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)