Plus isolé que jamais, François Hollande préside mercredi son premier Conseil des ministre de l'ère post-Macron, lâché par son ambitieux ministre de l'Economie à huit mois de la présidentielle.
Au terme d'un mini-remaniement, Michel Sapin succède à Emmanuel Macron, ajoutant à son portefeuille des Finances, celui de l'Economie. La passation de pouvoir est prévue à 09H00 à Bercy.
Autre absente dans la cour de l'Elysée: la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin qui a quitté le gouvernement pour "raisons personnelles". L'ex-secrétaire d'Etat à l'Egalité réelle Ericka Bareigts lui succède.
Point de figures nouvelles donc autour de la table du Conseil mais une ambiance sans doute plombée par le départ fracassant d'un ministre qui incarnait le renouveau du projet politique de la gauche gouvernementale. Après Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Cécile Duflot, Emmanuel Macron se profile comme un nouveau concurrent potentiel pour François Hollande en 2017.
Le président, qui ne devrait dire qu'en décembre s'il brigue un nouveau mandat, voit ainsi son assise politique davantage encore fragilisée.
Dans l'après-midi, le chef de l'Etat présidera une nouvelle édition de "La France s'engage", un concours d'innovation et surtout l'occasion de s'exprimer pour la première fois publiquement après la quasi-déclaration de candidature de celui qui fut son conseiller économique et financier lorsqu'il était secrétaire général adjoint de l'Elysée.
A l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll affrontera comme chaque semaine mais un peu plus encore les questions des journalistes.
- 'Une nouvelle étape' -
Sans attendre, le ministre de l'Agriculture, fidèle parmi les fidèles du président, a toutefois donné le ton mardi soir de sa réplique à Emmanuel Macron: "quand on est au gouvernement, on travaille dans une équipe, on travaille en fonction d'un projet, d'un programme qui a été présenté aux Français" et au service "l'intérêt général".
A deux doigts d'annoncer sa candidature pour 2017, le fondateur du mouvement En Marche ! avait annoncé quelques minutes auparavant depuis Bercy "une nouvelle étape de (son) combat" politique, laissant entendre qu'il avait été muselé par l'Elysée dans sa volonté réformatrice. "J'ai touché du doigt les limites de notre système politique", a-t-il dit.
La réaction de Stéphane Le Foll et surtout celle de François Hollande seront d'autant plus scrutées que l'Elysée s'en est tenu mardi à un récit quasi clinique de la démission d'Emmanuel Macron.
Selon l'entourage du chef de l'Etat, l'initiative en est revenue à l'ex-ministre qui avait "contacté en tout début de matinée (mardi) le président pour lui faire part de son souhait de remettre sa démission" alors que tous deux s'étaient accordé la veille "un délai de réflexion" après un premier entretien.
Un délai qui se prolongeait en fait depuis le 14 juillet quand, dans sa traditionnelle interview télévisée, le chef de l'Etat manifestement agacé par la création d'En Marche ! avait tancé son poulain mais sans se résoudre à l'évincer. François Hollande lui avait alors rappelé les "règles": la "solidarité" gouvernementale et la nécessité de "servir jusqu’au bout" sans "démarche personnelle et encore moins présidentielle".