Black Friday c’est Maintenant ! Ne passez pas à côté 60 % DE REDUCTION InvestingProPROFITER DES SOLDES

Le PIB est "dépassé", mais peut-on s'en passer?

Publié le 09/10/2015 11:23
Mis à jour le 09/10/2015 11:30
Des gratte-ciel au centre de Tokyo, le 17 février 2014 (Photo Yoshikazu Tsuno. AFP)

Des gratte-ciel au centre de Tokyo, le 17 février 2014 (Photo Yoshikazu Tsuno. AFP)

Indice de richesse globale, progrès véritable, bonheur brut... Les initiatives se multiplient depuis plusieurs années pour "mieux mesurer" la richesse des nations. Sans parvenir à supplanter le PIB, jugé par beaucoup "dépassé" et pourtant toujours privilégié par les gouvernements et les institutions.

Quel sera le chiffre de la croissance l'année prochaine? Sera-t-il supérieur aux prévisions? Sera-t-il en deçà? Chaque trimestre, l'évolution du "Produit intérieur brut" suscite les mêmes espoirs et les mêmes craintes dans les milieux économiques.

"Le PIB est scruté dans les moindres détails, il cristallise l'attention", constate auprès de l'AFP Dominique Meda, sociologue et membre du Forum pour d'autres indicateurs de richesse (Fair). "C'est devenu une sorte de totem, notamment parce qu'il évalue la croissance, qui est quelque chose de déterminant pour nos sociétés".

Développé en 1934 par le prix Nobel Simon Kuznets pour mesurer l'impact de la grande dépression sur l'économie américaine, le PIB s'est imposé au fil du temps comme le marqueur par excellence de la richesse et du progrès. Et cela, de façon internationale.

"Le PIB est aujourd'hui beaucoup plus qu'un simple instrument de mesure", assure à l'AFP Dirk Philipsen, économiste à l'université de Duke (Etats-Unis) et auteur d'un ouvrage sur le sujet. "Il est devenu un but en soi, la définition même de ce qu'est l'économie", ajoute le chercheur.

- "Inadapté" -

"Incomplet", "partiel", "superficiel": depuis plusieurs années, les critiques pleuvent pourtant sur l'indicateur-phare de la comptabilité nationale, accusé de ne refléter que très grossièrement l'activité économique des pays.

Principal reproche: le PIB, qui mesure la valeur des biens et services produits sur une période donnée, ne prend en compte que les transactions marchandes, pas les activités non monétaires comme le travail bénévole ou domestique, qui contribuent à la qualité de vie des habitants. En outre, il n'intègre pas l'impact souvent néfaste des activités de production pour la société.

Si on détruit une forêt millénaire pour en vendre le bois, on créée ainsi de la valeur marchande et on accroît le PIB, malgré les effets négatifs sur l'environnement. Plus absurde encore: si une marée noire touche le littoral, de l'activité est générée pour la nettoyer, ce qui dope la croissance... et fait grimper le PIB.

"Le PIB met l'accent sur la quantité, et non sur la qualité. C'est un indicateur qui correspond à la période productiviste des trente glorieuses", estime Dominique Meda, pour qui le Produit intérieur brut dit "peu de chose sur le bien-être des habitants".

Un avis partagé par Eloi Laurent, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). "Le PIB est inadapté aux enjeux du 21ème siècle, que sont l'écologie et le problème des inégalités. C'est une boussole faussée".

- "Foisonnement" -

Pour contourner ces différentes lacunes, plusieurs intellectuels ont mis au point, ces dernières années, des instruments "alternatifs", prenant en compte les dimensions sociales, culturelles ou environnementales dans leur évaluation de la richesse.

Parmi les premiers à s'être lancés dans l'exercice: l'économiste indien Amartya Sen, prix Nobel 1998 et père de l'indice de développement humain (IDH). Cet outil, créé en 1990 pour le Programme des Nations unies pour le développement, combine trois critères: le revenu par habitant, l'éducation et l'espérance de vie.

Dans les années 2000, plusieurs dizaines d'indicateurs supplémentaires ont vu le jour, comme l'indice du bien-être économique (IBEE) ou l'indice du mieux vivre (IMV). Sans oublier le fameux "bonheur national brut" (BNB), élaboré par le petit royaume du Bhoutan.

"Il y a eu un foisonnement d'initiatives, qui a contribué à faire vivre le débat", souligne Dominique Meda.

En France, cette dynamique s'est traduite par la mise en place d'une "commission" dédiée durant la présidence de Nicolas Sarkozy, confiée à l'économiste américain et Prix Nobel Joseph Stiglitz. Avec pour objectif de revoir de fond en comble le mode de calcul de la croissance.

- "Apparences trompeuses" -

Sept ans plus tard, pourtant, peu de choses ont changé. Le PIB demeure incontournable, et sa suprématie semble loin d'être menacée.

En cause, selon Dirk Philipsen: l'accoutumance développée vis-à-vis de cet outil d'évaluation. "Il y a une force d'inertie", mais aussi "un manque de volonté politique", estime le chercheur. Qui assure que les indices alternatifs font planer "une menace sur les institutions politiques et économiques existantes".

La profusion des baromètres, en outre, n'aide pas au changement. "Le problème, c'est que l'on n'arrive pas à se mettre d'accord sur les indicateurs qui doivent être mis en avant. Car pour cela, il faut se mettre d'accord sur ce qui compte", concède Dominique Meda.

Pour Eloi Laurent, de l'OFCE, les choses évoluent néanmoins. "Aujourd'hui, il n'y a pas un dirigeant sérieux sur la planète qui se fie uniquement au PIB. Les gens se rendent compte que faire 10% de croissance avec 75% de son eau polluée et un air irrespirable, ça n'a pas de sens".

En avril, le parlement a ainsi adopté une proposition de loi pour prendre en compte de nouveaux indicateurs de richesse dans son budget. Et en juillet, France Stratégie et le Conseil économique, social et environnemental ont soumis une liste de dix indices au gouvernement.

"Le PIB va progressivement perdre de son importance", pronostique l'économiste Jacques Attali, qui a lancé en 2013 l'"indice de positivité", évaluant l'engagement des pays envers leurs générations futures.

"Le PIB a mis 30 ans à s'imposer. Il est normal que les autres indicateurs tardent à émerger aussi", ajoute l'ancien conseiller de François Mitterrand.

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2024 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés