Le Premier ministre grec Antonis Samaras effectue vendredi sa première visite officielle en Allemagne pour réclamer la souplesse de la chancelière Angela Merkel sur la mise en oeuvre du plan d'austérité imposé à Athènes.
Antonis Samaras est arrivé peu avant 10H00 GMT à la chancellerie allemande, où il a été accueilli par Angela Merkel avec les honneurs militaires, sous la pluie.
A l'issue de l'entretien, le Premier ministre grec s'est dit "persuadé que le rapport de la troïka signalera que le gouvernement (grec) aura très vite des résultats", lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière. "Nous ne demandons pas plus d'argent mais du temps pour respirer", a-t-il ajouté, s'engageant à mener à bien les réformes qui lui sont réclamées.
"Nous sommes un peuple fier. Nous n'aimons pas dépendre de l'argent prêté", a insisté le Premier ministre grec.
Angela Merkel a elle affirmé son souhait de voir la Grèce rester dans la zone euro. "Depuis le début de la crise, j'ai toujours clairement dit que la Grèce faisait partie de la zone euro et que je voulais qu'elle y reste", a affirmé la chancelière.
Se réjouissant que le dirigeant grec lui réserve sa première visite à l'étranger, Angela Merkel s'est dit persuadée que le nouveau gouvernement "fai(sait) tout pour résoudre tous les problèmes" du pays.
En amont de cette tournée européenne, le Premier ministre grec, qui va samedi à Paris, a multiplié les entretiens à la presse pour réclamer un assouplissement de la cure de rigueur imposée à son pays par ses créditeurs, notamment ses partenaires européens.
"Nous ne discutons pas les finalités du programme" de redressement demandé par l'UE, mais "nous voulons seulement être sûrs que nous les atteindrons en maintenant la cohésion sociale, (...) nous avons besoin d'air pour reprendre notre souffle", a-t-il déclaré au Monde.
Dans les quotidiens allemands Süddeutsche Zeitung et Bild, M. Samaras a assuré que la Grèce rembourserait ses dettes.
A ce jour, Athènes ne remet donc pas en cause ses engagements vis-à-vis de ses créanciers ni les réformes réclamées, mais espère obtenir un délai de deux ans pour le redressement des finances publiques normalement prévu pour fin 2014.
Mais Berlin, qui voit s'approcher l'échéance législative de septembre 2013, fait face à une opinion publique hostile à toute indulgence à l'égard de la Grèce et encore plus, à toute nouvelle sollicitation de son portefeuille.
Jeudi, à l'occasion d'un dîner avec François Hollande, Angela Merkel a ainsi affiché sa fermeté, demandant à Athènes de tenir ses engagements, tout en assurant savoir "combien ces efforts sont difficiles".
La position officielle du gouvernement allemand est qu'il faut de toute façon attendre la publication en septembre du rapport de la troïka qui réunit l'Union européenne (UE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI).
Les créanciers de la Grèce dévoileront alors leurs conclusions sur les comptes et les efforts de redressement du pays.
D'ores et déjà, les parlementaires allemands de la coalition conservateurs/libéraux au pouvoir ont fait passer le message qu'Athènes aurait du mal à obtenir un peu de bienveillance de leur part.
"Nous ne pouvons pas mettre plus d'argent à disposition", a déclaré vendredi le président du groupe parlementaire CDU/CSU Volker Kauder sur la chaîne de télévision ZDF. "Ma position est que l'on ne peut négocier ni les délais ni le contenu des décisions", a-t-il ajouté.
Le chef de file des députés libéraux Rainer Brüderle a renchéri, sur la radio Deutschlandfunk, en refusant "d'alimenter un puits dans fonds". "Donner plus d'argent, sans mettre en place des réformes sûres, ne résoudra pas le problème", a-t-il déclaré.
L'opposition sociale-démocrate, qui a jusqu'à présent voté tous les plans d'aide, a elle aussi musclé son discours. "Ce n'est que si la troïka confirme de véritables efforts de réforme que nous pourrons parler d'un délai (...). Et seulement à cette condition", a déclaré le président du Parlement européen, Martin Schulz au journal régional Passauer Neue Presse.
Même une sortie de la Grèce de la zone euro -- il y a peu encore présentée comme un scénario catastrophe pour l'Europe -- est relativisée. Volker Kauder a estimé qu'on en était "encore loin", mais que cela "ne serait pas un problème pour l'euro".
D'ailleurs, d'après le Financial Times Deutschland de vendredi, le ministère des Finances allemand a mis en place un comité d'experts chargé de se pencher sur une "Grexit" (contraction de Grèce et "exit", sortie) et les conséquences financières.
Soucieux de ne pas envoyer de signal trop négatif, le ministère a vite relativisé cette information, son porte-parole Martin Kotthaus expliquant que ce groupe de travail, créé "il y a plus d'un an (...) sur la crise de la dette souveraine", "se consacre à étudier tous les scénarios, probables ou moins probables". La presse avait d'ailleurs déjà rapporté son existence dans le passé.
Les prochaines visites de François Hollande à Madrid et Rome, et une rencontre entre Mme Merkel et M. Monti à Berlin, ont par ailleurs été annoncées jeudi soir et vendredi, dans le cadre des consultations diplomatiques à tout va sur l'avenir de la zone euro.