Euro Disney paie la crise et le coût des investissements pour son 20e anniversaire avec des pertes creusées au premier semestre, et oscille entre confiance et prudence pour la suite de son exercice en raison de la conjoncture et du poids colossal de sa dette.
L'exploitant de Disneyland Paris, numéro un des parcs de loisirs en Europe, a vu son titre plonger en Bourse lundi après l'annonce de pertes plus lourdes qu'attendu au premier semestre de son exercice entamé en octobre. A 15H20, l'action Euro Disney perdait 6,09% à 3,70 euros sur le marché parisien.
La perte nette s'est alourdie de 22% pour atteindre 100,8 millions d'euros, la perte d'exploitation s'est aggravée de 38% à 84,7 millions d'euros, et le chiffre d'affaires global a diminué de 8%, s'établissant à 552,4 millions d'euros.
"Le contexte économique difficile actuel a pesé sur la fréquentation" dans les parcs et les hôtels, a reconnu le président d'Euro Disney, Philippe Gas.
Disneyland Paris a reçu 6,8 millions de visiteurs d'octobre à fin mars, contre 6,9 l'an dernier. Les Italiens, les Espagnols, les Néerlandais et les Belges ont été moins nombreux, mais les Français et les Britanniques plus nombreux.
Conséquence de la crise, les visiteurs ont séjourné moins longtemps dans les hôtels, a précisé le directeur général adjoint Mark Stead.
Les comptes sont aussi plombés par d'importants coûts de rénovation et le lancement de nouveautés à l'occasion des 20 ans du site en avril. "C'est un choix pour le futur (...) ce sont des investissements de long terme, on prépare l'après-crise", a expliqué M. Stead à l'AFP.
Le volume minime de transactions immobilières ce semestre, huit fois inférieur au premier semestre de l'exercice précédent, n'arrange pas la comparaison. Mais à côté de ces chiffres, "il y a des signes encourageants" qui permettent d'"être optimistes" pour le second semestre, a affirmé M. Stead.
La dépense par visiteur a augmenté dans les parcs (+2%) et dans les hôtels (+4%), ce qui a fait progresser de 1% le chiffre d'affaires des activités touristiques (à 551,1 M EUR) et compensé en chiffre d'affaires le recul de la fréquentation.
Euro Disney estime que sa politique de relèvement des prix est justifiée et qu'il "reste une destination adaptée en temps de crise".
Ensuite, malgré une mauvaise météo, les réservations dans les hôtels ont progressé de 66% en avril et le chiffre d'affaires des parcs et des hôtels de 3%, a dit Mark Stead à l'AFP.
Par ailleurs, "nos réservations globales sont en hausse de 5%", avec "une visibilité forte pour le 3e trimestre, et un peu moins pour le 4e", a-t-il détaillé, y voyant "un signe encourageant pour l'été".
Comme pour le 15e anniversaire, "les effets positifs" du 20e anniversaire se feront sentir au second semestre (haute saison touristique) et "bien au-delà", prédit M. Stead. Selon lui, Euro Disney est "confiant en sa capacité de capitaliser" sur les investissements des festivités.
Malgré cette confiance affichée, le groupe reconnaît que "la situation économique actuelle donne des raisons de rester prudents". "Le contexte reste incertain et fragile", a dit Mark Stead.
Problème: la dette colossale d'Euro Disney, de près de 1,8 milliard d'euros, laisse peu de place pour les incertitudes conjoncturelles.
Euro Disney a averti que des mesures d'économies seraient nécessaires s'il ne parvenait pas à tenir ses "engagements financiers" sur l'exercice. Il a indiqué qu'il lui faudrait alors réduire la voilure (coûts d'exploitation et investissements), vendre des actifs voire obtenir une nouvelle rallonge financière de la maison mère américaine ou des créanciers.
Mais pour l'instant pas de péril, assure le groupe: "Nous continuons de rembourser notre dette, 64 millions d'euros au premier semestre, 72 millions prévus au second semestre", a dit Mark Stead. Selon la direction, "le groupe dispose de ressources suffisantes pour un avenir prévisible".