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UE: Juncker attend une mise au pot des Etats à son plan d'investissement

Publié le 17/12/2014 08:47
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (G) et le vice-président Frans Timmermans au Parlement européen de Strasbourg, le 22 octobre 2014 (Photo Frederick Florin. AFP)

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (G) et le vice-président Frans Timmermans au Parlement européen de Strasbourg, le 22 octobre 2014 (Photo Frederick Florin. AFP)

La Commission européenne attend l'annonce de contributions des Etats au plan d'investissement proposé par Jean-Claude Juncker, jeudi lors du sommet européen, a annoncé son vice-président Frans Timmermans dans un entretien à l'AFP.

"Le plan peut fonctionner sans contributions des Etats, mais il aura plus de succès si les Etats sont en position d'y contribuer et (...) je suis assez optimiste pour jeudi", a-t-il déclaré en marge de la session plénière du Parlement à Strasbourg.

Les dirigeants européens vont discuter de ce plan sur trois ans qui doit permettre de mobiliser 315 milliards d'euros. Le budget européen et la Banque européenne d'investissement (BEI) doivent apporter 21 milliards d'euros en garanties à un Fonds européen pour les investissements stratégiques, afin d'attirer des investisseurs privés. Sa capacité mobilisatrice sera multipliée si les Etats apportent également des garanties.

Frans Timmermans a toutefois mis en garde contre l'exigence d'un "juste retour" des Etats pour s'engager. "Ce principe n'est pas compatible avec la nature du projet", a-t-il averti. "Les secteurs qui ont besoin d'investissements sont dans des pays où les problèmes sont les plus aigus, où il n'y a pas eu d'investissements dans les infrastructures pendant les cinq dernières années", a-t-il souligné.

Chaque Etat a soumis à la Commission une liste de projets nationaux ou transnationaux --2.000 sont recensés-- jugés prioritaires. Projet-phare de la nouvelle Commission, le plan doit permettre de relancer la croissance et l'emploi dans une Europe anémiée, mais il suscite toujours une certaine perplexité dans les capitales et au Parlement européen, sur fond de méfiance des citoyens sur la capacité de l'Union européenne à résoudre leurs difficultés.

"Je ne suis pas du tout surpris", confie M. Timmermans. "Les gens sont mécontents. Nous sommes toujours en pleine crise, même si le pire est derrière nous, nous traversons une période très très difficile", a-t-il souligné.

- 'Démontrer avec des faits' -

"Si tu es sans emploi, si tu as des difficultés pour régler ton loyer, tu ne vas pas voir ces problèmes réglés du jour au lendemain. Pour beaucoup, l'Europe n'est pas perçue comme une réponse à la crise. Elle est même vue comme la cause de la crise", a-t-il reconnu. "Il y a du travail à faire pour démontrer, avec des faits, que l'Europe peut aider les Etats à créer des emplois plus performants".

Le rôle de M. Timmermans au sein de la nouvelle Commission intrigue. Ancien ministre néerlandais des Affaires étrangères, il a été nommé premier vice-président par M. Juncker, qui lui a formellement délégué une partie de ses pouvoirs et lui a donné autorité sur les six autres vice-présidents, au nombre desquels trois anciens Premiers ministres.

"On a tout dit et tout écrit sur moi: Timmermans n'a rien à faire, Timmermans est le responsable de coquilles vides, il est le Richelieu de la Commission", ironise-t-il. "C'est une nouvelle façon de travailler. C'est nouveau pour les services et pour les commissaires, et ce n'est pas évident".

"Jean-Claude Juncker insiste sur la collégialité. Cela peut fonctionner. On verra au cours des prochains mois. Pour le moment, cela a bien marché avec les deux premières propositions, le plan d'investissement" annoncé en novembre, "et le programme de travail pour 2015" dévoilé mardi, a-t-il estimé.

"Le président et les vice-présidents sont politiques et nous avons une approche politique vis-à-vis du Parlement et des Etats. Nous ne disons pas merci à tout, nous donnons des réponses politiques. Comme l'a dit Jean-Claude Juncker, nous ne sommes pas les valets du Parlement ni le secrétariat général du Conseil" des Etats, a-t-il insisté.

En cas d'échec, "il y aura toujours une Commission européenne après la notre". "La question est: que fera-t-elle? Sera-t-elle en mesure de jouer un rôle politique, d'être indépendante, de conserver la maîtrise de l'initiative?"

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