La Chine a abaissé de nouveau fortement mercredi le taux de référence du yuan face au dollar, pour le deuxième jour consécutif, accentuant la dévaluation de facto de la monnaie chinoise.
La banque centrale chinoise (PBOC) a abaissé à 6,3306 yuans pour un dollar, contre 6,2298 yuans mardi, le taux-pivot autour duquel le renminbi (autre nom du yuan) est autorisé à fluctuer, au sein d'une fourchette quotidienne de 2% de part et d'autre.
L'institution avait déjà réduit de presque 2% ce taux de référence mardi --la plus brutale dépréciation depuis 2005 et la fin de l'arrimage du yuan au billet vert.
De l'avis général, cette décision est destinée à enrayer le ralentissement de l'activité économique du géant asiatique, en relançant son commerce extérieur en difficulté.
Notamment pénalisées par le niveau élevé du renminbi (en particulier face à l'euro et au yen), les exportations chinoises s'étaient effondrées de plus de 8% sur un an en juillet.
La PBOC avait averti mardi que cette soudaine baisse du niveau du yuan était "une action unique" et ne se répéterait pas, car reflétant simplement une nouvelle façon de le calculer, en tenant davantage compte des fluctuations de l'offre et de la demande sur le marché.
Néanmoins, le taux annoncé mercredi matin par la banque centrale est encore plus bas que le niveau atteint mardi en clôture par la devise chinoise à l'issue des échanges de la journée, à 6,3232 yuans pour un dollar.
Les autorités continuent d'encadrer très étroitement la convertibilité du yuan, resté imperturbablement stable au cours des quatre derniers mois face à la devise américaine.
Pékin a cependant assuré mardi que la dévaluation correspondait à une libéralisation accrue du marché des changes, destinée à rapprocher le renminbi de sa valeur réelle.
De fait, pour les analystes, la décision chinoise pourrait être liée à la volonté de Pékin de voir le yuan rejoindre le club fermé des grandes monnaies mondiales de référence.
Pékin ambitionne ainsi d'élargir l'usage de sa monnaie hors de ses frontières en obtenant son inclusion dans les Droits de tirage spéciaux (DTS), l'unité de compte du Fonds monétaire international actuellement composé de quatre devises (dollar, euro, livre et yen).
Mais le Fonds, qui prendra sa décision en novembre, a récemment posé ses conditions: la monnaie chinoise doit ainsi évoluer en fonction des fluctuations du marché et doit être "librement utilisable".
De leur côté, les Etats-Unis ont réagi mardi avec la plus grande prudence à la dévaluation, qui risque de plomber leurs exportations mais qui répond en partie à leurs exigences sur la convertibilité du yuan.