Le Congrès américain se rapprochait d'un accord sur le relèvement du plafond de la dette, estimaient dimanche plusieurs responsables, en précisant que des détails restaient à finaliser avec la Maison Blanche à deux jours de la date butoir du 2 août fixée par le Trésor.
"Nous sommes très proches d'un accord, nous avons eu une excellente journée hier", a déclaré le sénateur républicain Mitch McConnell sur CNN, soulignant qu'il pensait pouvoir convaincre ses troupes au Sénat d'adhérer à ce plan, qui prévoit un relèvement du plafond de la dette d'environ 3.000 milliards de dollars.
Cette mesure serait accompagnée d'une première tranche de réduction budgétaire de 1.000 milliards de dollars, puis une super-commission bipartite du Congrès se chargerait de trouver d'autres réductions.
Le conseiller de Barack Obama, David Plouffe, a légèrement tempéré cet enthousiasme en affirmant : "Il n'y a pas d'accord. L'horloge tourne". "La journée d'aujourd'hui (dimanche, ndlr) est bien évidemment cruciale", a-t-il dit.
Les négociations se poursuivaient dimanche entre républicains, démocrates et la Maison Blanche pour relever le plafond de la dette, actuellement de 14.294 milliards de dollars, avant mardi minuit (4H00 GMT mercredi), et ainsi éviter aux Etats-Unis de se retrouver en situation de défaut de paiement.
Aucun commentaire n'émanait encore dimanche matin de la Maison Blanche, qui s'impliquait de nouveau dans les négociations pour la première fois depuis la semaine dernière.
Le sénateur démocrate Charles Schumer a assuré sur CBS qu'il se sentait "beaucoup mieux" maintenant qu'il savait qu'un défaut pouvait être évité. Mais il a aussi estimé sur CNN qu'il y a avait "encore beaucoup d'espaces blancs à remplir".
De son côté, l'économiste Mark Zandi, de l'agence Moody's, a qualifié dimanche de "bonnes nouvelles" les derniers développements sur un projet d'accord au Congrès.
"Je pense que le monde regarde les Etats-Unis avec appréhension, anxiété et inquiétude, mais aussi avec espoir", a dit Christine Lagarde, la patronne du FMI, dans une interview diffusée dimanche sur CNN.
M. McConnell a donné quelques détails sur le compromis en train d'être négocié, affirmant notamment que le texte ne prévoyait aucune hausse d'impôts sous aucune forme.
Ce dernier point risque de mal passer auprès de certains démocrates. Le président Obama lui-même avait espéré une augmentation des revenus, notamment en taxant les ménages les plus riches et certaines niches fiscales.
Selon son conseiller David Plouffe, l'accord sur lequel travaillent la Maison Blanche et les dirigeants des deux partis permettrait un relèvement immédiat du plafond de la dette jusqu'en 2013, auquel seraient adjoints 1.000 milliards de dollars de réductions budgétaires.
Et une commission spéciale bipartite serait créée, dont la tâche serait d'identifier d'autres postes pouvant être soumis à des réductions avant la fin de l'année. Cet organe serait chargé de faire des recommandations sur quelque 1.800 milliards de nouvelles réductions budgétaires avant Thanksgiving, fin novembre, selon des sources proches du dossier.
"Ils (les membres de la commission, ndlr) auront une mission très large pour examiner l'ensemble de l'administration fédérale, y compris la réforme des impôts" en vue de trouver de nouvelles sources de revenus, a dit M. McConnell sur CBS.
Pour lui, la réforme des impôts consisterait "à baisser les taux et supprimer beaucoup de niches".
Dans le cas où aucun accord n'interviendrait sur des réductions budgétaires supplémentaires, un mécanisme contraignant se mettrait en place, imposant automatiquement un certain nombre de coupes, y compris pour la défense et le programme de santé Medicare pour les personnes âgées. C'est sur ce point notamment que les négociations ont stagné ces derniers jours.
Les deux parties ont fait des concessions au fil des négociations, mais leurs positions restent largement opposées. D'un côté, les républicains réclament des baisses d'impôts et des réductions budgétaires drastiques. De l'autre, les démocrates veulent accompagner la rigueur budgétaire d'efforts fiscaux de la part des plus riches.
Si aucun projet de loi pour relever le plafond de la dette n'est envoyé à la Maison Blanche avant le 2 août, il ne restera que quelques jours à l'administration pour payer ses factures avant d'épuiser ses réserves d'argent, selon les analystes.