Un grand groupe thaïlandais, ThaiBev, a pris le contrôle du plus gros fabricant de bière du Vietnam, le groupe public Sabeco, en acquérant pour plus de quatre millions d'euros d'actions lundi.
Le groupe thaïlandais ThaiBev, par le biais de sa filiale VietnamBeverage, s'est dit prêt à acheter plus de 53% des parts dans la compagnie, pour une valeur de 4,8 millions de dollars (4 millions d'euros), a annoncé le ministère de l'Industrie et du commerce de l'Etat communiste.
Le fait d'avoir participé à cette vente d'actions via sa filiale vietnamienne (considérée comme une entreprise locale car détenue en majorité par des investisseurs vietnamiens) a permis à ThaiBev de contourner la limitation à un maximum de 49% de prise de participation étrangère dans le groupe public Sabeco.
A part un actionnaire local ayant acheté quelque 20.000 actions Sabeco, ThaiBev était le seul prétendant à la prise de contrôle de ce mastodonte de l'industrie publique vietnamienne, qui fabrique la populaire bière "Saïgon".
Le Vietnam, pays de 93 millions d'habitants, est l'un des plus gros consommateurs de bière par habitant en Asie. Et de gros groupes comme Heineken, Carlsberg ou Sapporo s'affrontent pour dominer ce marché prometteur, mais aucun ne s'est au final montré intéressé par Sabeco.
"Le temps entre l'annonce de la mise en vente et maintenant a été assez court, cela n'a peut-être pas laissé assez de temps aux autres compagnies", avance Phap Dang, analyste à Viet Capital Securities.
Il avance aussi comme possible explication le fait que le prix de mise en vente était assez élevé. Les investisseurs étrangers ont pu aussi être rebutés par la limitation des capitaux étrangers à 49% du capital.
Jusqu'ici, le groupe était à 90% public et 10% privé.
La mise en vente des actions Sabeco survient alors que le régime communiste ayant besoin de fonds pour renflouer les caisses de l'Etat.
Le Vietnam, qui compte sur les rentrées d'argent des privatisations pour éponger sa dette publique, a ouvert le capital de plus de 500 entreprises d'Etat entre 2011 et 2015, mais est resté actionnaire majoritaire.
Le régime communiste s'est en effet lancé dans un vaste programme de privatisation d'une partie des mastodontes publics, dans un pays à deux vitesses, avec d'un côté un secteur privé florissant et de l'autre des entreprises publiques (qui représentaient encore en 2015 un tiers du produit intérieur brut du pays) peu performantes.
Selon les analystes, ce mouvement de privatisation est essentiel pour maintenir la croissance forte que connaît le pays ces dernières années.