Georges Plassat, qui prendra la tête de Carrefour en remplacement de l'homme de marketing Lars Olofsson, est un distributeur chevronné, mieux armé que son prédécesseur pour redresser le groupe, mais sa tâche sera ardue dans un contexte de crise.
Lundi, le numéro deux mondial de la distribution a officialisé sa nomination, pressentie depuis plusieurs mois. L'actuel PDG du groupe d'habillement Vivarte (André, Caroll, Kookaï, La Halle aux chaussures,...), arrivera le 2 avril avec le titre de directeur général délégué.
Ensuite, il sera proposé au poste d'administrateur à l'Assemblée générale du 18 juin, pour être nommé président du Conseil d'administration dans la foulée.
Il remplacera M. Olofsson, débauché de Nestlé il y a trois ans pour redresser le groupe. Mais malgré de nombreux chantiers, sa stratégie a échoué.
Sous sa direction, marquée par une forte pression des principaux actionnaires, le fonds Colony Capital et l'homme d'affaires Bernard Arnault, Carrefour a perdu des parts de marché en France, notamment face à Leclerc, et connu d'importantes ruptures de stocks en magasins.
Depuis un an, le groupe a collectionné les mauvaises nouvelles, avec cinq avertissements sur résultat, perdant la confiance de la communauté financière, tandis que son action fondait en Bourse.
Il a dû renoncer à une fusion au Brésil avec son concurrent Casino, qui y était opposé.
Le groupe a pris du retard dans les nouveaux modes de distribution comme le "drive" et l'e-commerce non alimentaire.
Quant à Carrefour Planet, l'hypermarché européen haut de gamme imaginé par M. Olofsson pour tenter d'enrayer la baisse de fréquentation, il n'a pas convaincu.
Cette fois, le Conseil d'administration a choisi un distributeur confirmé, réputé pour sa capacité à redresser des entreprises.
M. Plassat a été notamment président du directoire de Casino, directeur exécutif de Carrefour en Espagne et PDG de Vivarte, soit une double expérience en distribution alimentaire mais aussi non alimentaire, le principal talon d'Achille des hypermarchés.
Sa nomination "est une excellente nouvelle", estiment les analystes de CM-CIC Securities dans une note. "Le Conseil d'administration de Carrefour semble enfin abandonner sa quête de martingales financières et autres chimères", ajoutent-ils. Mais "les difficultés de Carrefour ne vont pas disparaître du jour au lendemain avec sa nomination".
"Georges Plassat est d'ores et déjà plébiscité au regard de son expérience et de ses succès, mais la tâche pour redresser Carrefour sera rude et demandera certainement plus d'un an", ont estimé de leur côté les analystes d'Aurel BGC.
"Le ménage nécessaire en 2012" pourrait se traduire "par des résultats de nouveau en baisse", ont-ils prévu.
"Courtisé depuis près d'un an, Georges Plassat a dû profiter du rapport de force favorable pour négocier une grande indépendance", ont-ils fait valoir.
Pour le consultant indépendant Gilles Goldenberg, la priorité sera de "remobiliser les hommes, qui ont été très décontenancés", mais aussi de définir une stratégie, notamment pour la France".
M. Plassat devra prendre des décisions sur le devenir de l'hyper, les implantations géographiques du groupe, sa politique d'image-prix... Il va aussi lui falloir donner "une nouvelle énergie" aux équipes, prévoit Yves Marin, consultant à Kurt Salmon.
"On ne le voit pas arriver comme le Messie", indique Serge Corfa, responsable national CFDT de Carrefour. M. Plassat a connu la grande distribution d'avant 2000, "depuis les choses ont beaucoup changé", souligne-t-il.