L'équipementier télécoms Alcatel-Lucent a profité lundi du spectaculaire retour en grâce de son action en Bourse pour annoncer une levée de fonds, qui doit lui apporter les ressources indispensables au redressement de son dispositif industriel.
Quatre jours après avoir dévoilé des résultats financiers en très nette amélioration, le groupe, en restructuration permanente depuis des années, a dévoilé dans un communiqué les modalités d'une augmentation de capital d'un montant de 955 millions d'euros.
L'opération sera accompagnée d'une émission obligataire de 750 millions de dollars de valeur nominale et la signature d'un nouveau crédit revolving de 500 millions d'euros, selon un communiqué publié par l'entreprise.
Au total, le groupe devrait donc sécuriser quelque 2 milliards de d'euros pour financer ses activités lors d'une période charnière.
C'est le volet financier du plan "Shift", souvent qualifié par les analystes de "plan de la dernière chance", mis en place par le nouveau directeur du groupe franco-américain Michel Combes.
Ce plan prévoit notamment la suppression nette de 10.000 emplois dans le monde et un recentrage sur un nombre limité de métiers, alors qu'Alcatel-Lucent faisait jusqu'ici figure de généraliste dans le secteur des équipements télécoms.
La triple opération annoncée lundi doit permettre à Alcatel-Lucent de "renforcer ses fonds propres et lui fournir une plus grande flexibilité financière", a expliqué le groupe.
L'émission d'actions nouvelles sera réservée en priorité aux actionnaires actuels du groupe, qui pourront obtenir 8 actions nouvelles pour 41 déjà détenues.
De quoi faire "passer la pilule" d'une opération très dilutive, dans la mesure où elle va entraîner la création de 454,7 millions à 460 millions nouvelles actions. En d'autres termes, le capital de la société va être augmenté de 20%.
Le calendrier de l'opération est toutefois propice dans la mesure où le cours de l'action a été multiplié par trois depuis le début de l'année.
L'émission se fera avec un très fort rabais par rapport au cours de clôture de l'action vendredi soir: 2,10 euros, contre 2,97 euros.
Comme cela pouvait être prévisible, l'opération a généré un mouvement d'humeur à la Bourse de Paris où le titre a plongé à l'ouverture.
L'action a perdu un moment jusqu'à 9%, avant de se redresser très nettement et conclure la séance sur un recul plus modeste de 3,81%, à 2,86 euros.
Un retour à la rentabilité opérationnelle
"La baisse du titre est limitée malgré une augmentation de capital importante ce qui signifie que le dossier effraie moins le marché", souligne Renaud Murail de Barclays Bourse.
Jeudi, le groupe né de la fusion ratée du français Alcatel et de l'américain Lucent avait publié des résultats en nette amélioration au troisième trimestre, avec un retour "dans le vert" au niveau de son exploitation, grâce aux progrès accomplis dans la mise en oeuvre de son plan de restructuration.
Toujours déficitaire, l'équipementier en télécommunication estimait alors avoir fait "des progrès substantiels dans la réalisation de (son) plan", dans la mesure où "tous (ses) indicateurs financiers se sont significativement améliorés", avait alors relevé M. Combes.
S'il est parvenu à réduire de 316 millions à 200 millions d'euros sa perte nette, le groupe a surtout réussi à retrouver les bénéfices en exploitation.
Il a ainsi dégagé lors de ces trois mois un bénéfice d'exploitation de 95 millions d'euros, soit 2,6% de ses revenus, contre une perte de 182 millions sur la même période de l'an passé.
Le groupe a réussi à diminuer ses coûts fixes de 84 millions d'euros de juillet à septembre, portant à 259 millions le total des économies réalisées depuis le début de l'année.