Étoile montante de la vente en ligne en Europe, l'allemand Zalando veut se lancer dans le grand bain de la Bourse d'ici la fin de l'année afin de soutenir une croissance sur les chapeaux de roue qui cache cependant quelques ratés.
Après une multiplication des rumeurs ces dernières semaines, le site spécialisé dans la vente de chaussures, vêtements et accessoires de mode, fondé à Berlin il y a seulement six ans, a annoncé mercredi se préparer "à une cotation sur le marché réglementé (Prime Standard) de la Bourse de Francfort" qui, "en fonction des conditions de marché" aura lieu "au cours du second semestre 2014".
La part flottante de son capital devrait se situer entre 10% et 11% à l'issue de cette opération qui consistera uniquement en une émission de nouvelles actions.
Concrètement, les principaux actionnaires de Zalando ne vendront pas leurs parts dans le cadre de cette levée de fonds.
Actuellement le capital de la société, présente dans 15 pays, dont la France et la Belgique, et dirigée par de jeunes trentenaires, est détenu notamment par Investment AB Kinnevik (36%), Global Founders (17%), DST Europe (8%) et Holtzbrinck Ventures (8%).
Cette opération "est la prochaine étape logique dans le développement de Zalando qui nous donne la flexibilité nécessaire pour poursuivre nos ambitions à long terme en terme de croissance", a expliqué l'un de ses patrons, Rubin Ritter, cité dans le communiqué.
Pas plus tard que la semaine dernière, Zalando avait présenté un résultat bénéficiaire au premier semestre, avec un bénéfice opérationnel de 47 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de plus d'un milliard d'euros.
Une performance "à des années-lumière du niveau de l'an dernier" où la perte d'exploitation avait atteint 72 millions d'euros au premier semestre pour un chiffre d'affaires sur l'ensemble de l'année de 1,8 milliard, selon M. Ritter.
"Sklavando" -
Au premier semestre le bénéfice net est ressorti à 200.000 euros, contre une perte nette de 76,6 millions d'euros sur la même période de 2013.
Au siège de la société, dans un ancien bâtiment industriel proche de l'ancien Mur de Berlin, on aime à se présenter comme une "success story" de la génération internet malgré une idée de départ simplissime copiée sur un site américain.
Ainsi de Londres à Oslo en passant par Madrid, les internautes peuvent, en quelques clics, acheter pantalons, sacs et colliers en faisant leurs emplettes parmi 1.500 marques.
Les produits sont livrés en un ou quelques jours. Un gilet trop grand ou qui ne convient finalement pas? Il suffit de renvoyer gratuitement le colis.
Les grandes marques ont vite réalisé la notoriété grandissante du site et des géants tels que Mango, Desigual ou Adidas y proposent leurs produits.
Pourtant ses fondateurs n'ont fait que reproduire le site américain Zappos, fondé en 1999 et racheté dix ans plus tard par Amazon.
A ses débuts en 2008, Zalando ne proposait que des chaussures à la vente. La société est partie de rien ou presque puisque ses fondateurs ont commencé leurs affaires dans une colocation d'une rue branchée de Berlin, qui faisait office de "centre logistique", bureau et centre d'appel du service client.
Zalando s'assure rapidement un soutien financier précieux, celui des frères allemands Samwer, investisseurs spécialisés dans le lancement de "clones" de sites internet à succès, comme eBay ou Groupon.
Mais la "belle histoire" a aussi sa part d'ombre. Zalando, qui emploie 7.000 personnes en Allemagne, a été sévèrement épinglée par les médias qui ont dénoncé de mauvaises pratiques sociales et des manquements au droit du travail.
Dans un reportage diffusé en avril, le site a été mis en cause par une journaliste employée incognito pendant trois mois comme magasinière. Outre des fouilles en fin de service, elle y décrit des journées de travail harassantes dans le principal site de traitement logistique. Elle affirme notamment parcourir jusqu'à 27 kilomètres à pied en huit heures pour récupérer les articles dans les immenses étalages du centre.
Sur internet, ses détracteurs ont rebaptisé la société "Sklavando". Mais la société a contesté ces accusations et promis d'étudier si des erreurs "systématiques ou individuelles" ont été commises.