Aides au redémarrage des entreprises sinistrées, cartes prépayées d'aides financières pour les populations défavorisées, mesures de chômage partiel: le gouvernement a présenté mercredi les mesures d'urgence pour la reprise de l'activité économique à Saint-Barth et Saint-Martin, dévastées par l'ouragan Irma.
A l'issue du 3e comité interministériel pour la reconstruction des deux îles, réuni à Matignon, 388 entreprises de Saint-Martin ont demandé des mesures de chômage partiel pour 2.346 salariés (sur un total d'environ 7.000), et 410 entreprises de Saint-Barth ont fait de même pour 2.161 salariés, a détaillé devant la presse Philippe Gustin, délégué interministériel en charge de la reconstruction.
La ministre des Outre-mer Annick Girardin a précisé à la presse qu'outre un moratoire social et fiscal sur les dettes des entreprises, décidés dès le lendemain de la crise, l'Etat a mis en place "une aide exceptionnelle pour le redémarrage des entreprises sinistrées", allant de 1.000 à 10.000 euros, en fonction du recours au chômage partiel.
Et "les citoyens pourront également bénéficier d'aides de l'Etat", avec "un système de carte prépayée" qui sera mis en place dans les prochaines semaines pour les foyers les plus défavorisés. Cette carte ne pourra être utilisée que sur le territoire français de Saint-Martin, a-t-elle précisé.
Alors que Saint-Martin, l'île la plus touchée, comptait déjà 33,6% de taux de chômage avant l'ouragan, "on va désormais atteindre les 60% voire plus", s'est alarmé le président de la collectivité territoriale Daniel Gibbs, qui a participé au comité interministériel.
"Une augmentation des dépôts de bilan et une forte hausse du chômage sont à craindre dans les prochaines semaines", a souligné le ministère des Outre-mer dans un communiqué.
"Le volet social est une problématique pour nous, il faut trouver des solutions très rapidement", a insisté M. Gibbs, réclamant "des réponses exceptionnelles pour des circonstances exceptionnelles", et notamment "des exonérations de charges pesant sur les entreprises".
Il a également regretté que ces mesures de chômage partiel, qui permettent au salarié de toucher 70% d'un smic brut (soit 85% d'un smic net), ne couvre pas entièrement les salaires des cadres.
M. Gibbs qui a insisté sur la situation "catastrophique" des entreprises de l'ile, dont la seule économie est le tourisme, évalue à 3,5 milliards le montant des dégâts. Le chiffre, qui additionne les effets de l'ouragan et "les choses qu'il fallait rattraper avant Irma", "n'est pas choquant", a estimé M. Gustin, qui attend un rapport de l'inspection générale sur le sujet, prévu le 30 octobre.
Le président de la collectivité de Saint-Barthélemy Bruno Magras, a défendu le besoin pour son ile, que sa voisine retrouve rapidement une activité touristique, car Saint-Barth "est trop petite pour avoir la capacité d’accueil pour relancer l’activité aérienne", et faire revenir les compagnies aériennes.
Le délégué interministériel a aussi plaidé pour une meilleure coopération régionale en matière de la reconstruction, insistant sur la nécessité d'un "meilleur équilibre entre les deux parties (française et hollandaise) de Saint-Martin. Ce n'est plus acceptable de conserver un tel déséquilibre avec des gens qui travaillent du côté néerlandais, et qui viennent se soigner, qui viennent à l'école ou viennent bénéficier des minima sociaux du côté français".
Irma, qui a fait 11 morts à Saint-Martin, a endommagé 20.000 constructions sur les deux îles, a précisé Mme Girardin. Si "la phase d'urgence est derrière nous", a-t-elle dit, il reste des difficultés sur l'eau, avec "seulement 63 % des foyers bénéficiant de l’eau courante et 4 quartiers de l’île encore totalement dépourvus d’eau potable".
Enfin, la moitié des établissements scolaires de Saint-Martin (soit 9 sur les 18 réparables) ont rouvert leurs portes.