La proposition sur laquelle insistait la France pour renforcer le Fonds de secours de la zone euro (FESF), impliquant la Banque centrale européenne, a été recalée et "n'est plus sur la table", a affirmé samedi le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager.
Il ne reste plus que deux options en discussion pour augmenter la puissance de feu du FESF et empêcher la contagion de la crise de la dette, a indiqué M. de Jager samedi à la presse en marge des réunions tenues avec ses collègues de l'UE et de la zone euro à Bruxelles, sans préciser lesquelles.
Mais il reste "des divergences importantes entre pays" sur la question, a-t-il ajouté, alors que le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel doivent se retrouver dans la soirée à Bruxelles pour tenter d'aplanir leurs divergences, à la veille d'un sommet européen.
Le FESF est un instrument jugé essentiel pour espérer empêcher une contagion de la crise de la dette à des pays comme l'Espagne et l'Italie, dans le viseur des agences de notation.
Paris a proposé de le transformer en banque afin qu'il s'approvisionne auprès du guichet de la BCE. Une option que refusent en bloc Berlin et l'institut monétaire, car elle violerait, selon eux, l'interdiction juridique faite à la banque centrale de renflouer les budgets des gouvernements.
Déjà vendredi soir, la France avait laissé entendre qu'elle pourrait renoncer à sa proposition. Son ministre des Finances François Baroin avait indiqué que Paris "n'en faisait pas un point d'affrontement définitif", même s'il restait persuadé que c'était la solution "la plus efficace".
Les deux pistes qui restent à l'ordre du jour pour renforcer le Fonds européen de sauvetage sont désormais que le mécanisme agisse comme un système d'assurance partielle de la dette publique de pays en difficulté ou une plus forte participation du FMI au dispositif, selon une source gouvernementale allemande.
La France n'était pas seule à plaider en faveur de l'implication de la BCE, faisant valoir que ce système fonctionnait très bien aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. Elle était soutenue par l'Espagne, l'Italie ou encore la Belgique.
Mais samedi la Belgique a pris acte de l'impossibilité d'imposer cette proposition et s'est rangée à l'idée concurrente d'un système d'assurance de la dette publique.
"Nous sommes d'accord avec la proposition de transformer la FESF en un fournisseur de garanties" pour couvrir partiellement les pertes éventuelles des investisseurs, a indiqué le Premier ministre Yves Leterme.
"Nous croyons que la FESF pourra agir à terme comme une sorte de banque" ainsi que le souhaitent la France, mais la Belgique veut avant tout un accord, a ajouté M. Leterme.
Le Fonds de secours européen est actuellement doté d'une capacité de prêt de 440 milliards d'euros, dont une partie est engagée déjà pour l'Irlande et le Portugal. Cette enveloppe est jugée insuffisante pour empêcher la contagion de la crise de la dette à des pays aussi importants que l'Italie et l'Espagne, de plus en plus dans la ligne de mire des agences de notation.
D'où l'idée, suggérée par les Etats-Unis, d'accroître la puissance de feu du dispositif sans augmenter pour autant les garanties apportées par les gouvernements car dans ce cas certains pays, comme la France, risqueraient de perdre leur notation d'excellence sur leur endettement, le triple A.
Les pays européens négocient donc d'arrache-pied depuis des semaines sur le meilleur moyen d'y parvenir via un "effet de levier" démultipliant par jusqu'à cinq la capacité d'intervention financière du Fonds sur la dette publique des pays fragiles.