La cour d'appel de Versailles a infirmé mercredi un jugement de première instance qui condamnait le PDG de Rhodia Jean-Pierre Clamadieu et son prédécesseur Yves-René Nanot à rembourser à la société le parachute doré versé à l'ancien patron Jean-Pierre Tirouflet.
En décembre 2008, le tribunal de commerce de Nanterre avait jugé que MM. Nanot et Clamadieu avait "commis des fautes de gestion ayant conduit à un versement indu" en 2004 à M. Tirouflet de 2,1 millions d'euros dans le cadre de son licenciement fin 2003.
Ils avaient été condamnés à rembourser la somme à Rhodia sur leurs propres deniers, ce dont ils avaient fait appel.
La cour d'appel de Versailles "infirme le jugement entrepris en toutes ses dispositions", selon l'arrêt dont l'AFP a eu copie. En outre, elle condamne à quelque 100.000 euros de dommages et intérêts la société belge Valauret, actionnaire de Rhodia, qui avait porté l'affaire en justice.
"Il n'apparaît pas que M. Clamadieu et M. Nanot puissent se voir reprocher de ne pas avoir exercé dans l'intérêt de Rhodia une action aux fins d'obtenir restitution de la somme versée à M. Tirouflet", écrit l'arrêt.
"Aucune faute de gestion ne peut (leur) être reprochée", ajoute-t-il.
Fin 2003, Jean-Pierre Tirouflet avait démissionné de tous ses mandats au sein de Rhodia sous la pression des actionnaires du groupe, au bord de la faillite à l'époque.
PDG de l'entreprise depuis 1998, il avait bénéficié d'une "retraite complémentaire" de 5,3 millions d'euros en sus des 2,1 millions d'euros d'indemnités de départ.
M. Tirouflet a été mis en examen en 2008 pour "diffusion d'informations fausses et mensongères" par les juges parisiens chargés d'enquêter sur la communication financière de Rhodia entre 1999 et 2004.
Une information judiciaire avait été ouverte à la suite de plaintes déposées en 2003 par deux actionnaires mécontents, Edouard Stern, le banquier français tué par sa maîtresse en 2005 à Genève, et un autre financier, Hughes de Lasteyrie, décédé d'un infarctus en 2007 à Paris, et dont la société Valauret agit en tant qu'ayant droit.
Les plaignants estimaient avoir été trompés sur la valeur de l'entreprise et accusaient Rhodia et son ancienne maison mère Rhône-Poulenc d'avoir notamment dissimulé certains passifs pour survaloriser le titre lors de son introduction en Bourse en 1998.