Le président de la République Nicolas Sarkozy a demandé lundi à la SNCF de venir au secours de sa filiale de ferries en liquidation SeaFrance, lui demandant de verser des indemnités exceptionnelles aux salariés, ce qui permettrait de financer leur projet de reprise.
Le gouvernement s'était jusqu'ici montré très réticent à soutenir ce projet de coopérative (Scop), porté par la CFDT, et qui doit être examiné mardi par le Tribunal de Commerce de Paris. Mais tout a changé lundi.
"Le gouvernement a décidé de soutenir le projet de Scop du mieux des moyens de l'Etat", a déclaré la ministre de l'Ecologie et des Transports Nathalie Kosciusko-Morizet, à l'issue d'une réunion à l'Elysée.
Pour permettre le financement du projet de la Scop, Nicolas Sarkozy a demandé lundi à la SNCF, actionnaire principal de SeaFrance de s'impliquer en mettant en place "une indemnisation supra-légale exceptionnelle" en faveur des salariés licenciés.
Cette opération est "de nature à permettre de réunir une part considérable du besoin de financement de la Scop", a estimé le président. "Sa réussite toutefois, ajoute-t-il, dépendra très étroitement de l'engagement concret et rapide des salariés de SeaFrance en faveur du projet de Scop", car l'idée-force du projet est que les salariés réinvestissent leurs indemnités de licenciement dans l'entreprise.
Le porte-parole du PS Benoît Hamon a qualifié cette initiative de "volte-face positive, même si elle est tardive" et demandé dans un communiqué qu'elle soit "rapidement précisée".
M. Sarkozy a pour sa part appelé "les collectivités locales du Nord/Pas-de-Calais à confirmer les aides promises au projet de Scop". Celles-ci sont de 12 millions d'euros.
Après la réunion à l'Elysée, le gouvernement a multiplié les rencontres avec les acteurs du dossier pour trouver une porte de sortie à ce dossier épineux à la veille d'une audience du Tribunal de Commerce de Paris qui doit statuer sur l'offre de reprise de la Scop.
"Aujourd'hui, il ne nous reste qu'un seul projet (...) Si l'on met l'argent des primes de licenciement au capital de SeaFrance, la société peut reprendre", avait expliqué Thierry Mariani, le ministre en charge des Transports à l'issue d'une rencontre avec les syndicats.
Jusqu'ici, le ministère des Transports s'était pourtant montré très pessimiste sur la viabilité du projet de coopérative, critiquant ouvertement ses promoteurs et espérant il y a quelques jours encore qu'"un autre repreneur" se manifesterait, allusion à l'offre avancée par le français Louis Dreyfus Armateurs (LDA) qui prévoyait de conserver 460 emplois équivalent temps plein. Cette offre avait toutefois été retoquée le 16 novembre par le Tribunal de Commerce.
Le projet de Scop reste donc la seule offre en lice pour reprendre SeaFrance, qui emploie 880 personnes en CDI à Calais, et génère au moins autant d'emplois indirects.
"Que l'Etat s'intéresse enfin au dossier SeaFrance, c'est une bonne chose. Mais la manière dont il s'y prend et les solutions qu'il propose sont mauvaises. C'est un montage juridique abracadabrantesque qui a peu de chances d'aboutir", a jugé l'avocat des salariés Me Brun.
L'offre du gouvernement "passe par le rachat des bateaux par la SNCF, qui les relouerait ensuite pour une somme modique à la Scop", a déclaré à la presse Didier Cappelle, secrétaire général de la CFDT Maritime Nord.
De son côté, la compagnie ferroviaire a indiqué qu'elle étudiait les conditions du versement d'une indemnisation supra-légale exceptionnelle aux salariés de SeaFrance pour leur licenciement après une rencontre lundi après-midi entre le président de la SNCF et le Premier ministre François Fillon.
M. Pepy avait assuré après cet entretien que des réponses seraient apportées "dans les heures qui viennent".
Pour la première fois, la SNCF sera représentée par un directeur général délégué devant le Tribunal de Commerce, David Azéma, étant attendu à l'audience.