L'OCDE a revu mercredi à la hausse ses prévisions de croissance dans les pays développés, où elle attend une progression du PIB de 2,7% en 2010 et 2,8% en 2011, mais prévient que des risques "plus élevés" qu'auparavant menacent la reprise en raison notamment de la crise de la dette.
Dans sa précédente édition des "perspectives économiques", publiée en novembre, l'Organisation de coopération et de développement économiques tablait sur une croissance de 1,9% cette année et 2,5% l'an prochain dans sa zone, qui réunit les principaux pays riches de la planète.
Après la plus grave récession depuis l'après-guerre, l'activité devrait croître de 3,2% par an en 2010 et 2011 aux Etats-Unis (+2,5% et +2,8% dans les précédentes prévisions). Au Japon aussi, la reprise s'annonce vigoureuse, avec une croissance de 3% cette année et 2% l'an prochain (+1,8% et +2% auparavant).
Elle y sera donc nettement plus dynamique que dans la zone euro, bien que les prévisions aient aussi été revues en légère hausse pour les 16 pays qui partagent la monnaie unique: la croissance devrait être de 1,2% en 2010 et 1,8% en 2011 (+0,9% et +1,7% prévus auparavant).
"La croissance repart dans la zone de l'OCDE, à des rythmes différents selon les régions, et semble plus dynamique", affirme l'organisation, dont le siège est à Paris. "Cependant, les risques entourant la reprise mondiale" paraissent "plus élevés aujourd'hui, en raison de l'instabilité des marchés de la dette souveraine", ajoute-t-elle.
"La consolidation budgétaire est impérative dans de nombreux pays", a prévenu lors d'une conférence de presse à Paris le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria, qui s'est reconnu "coupable" de "schizophrénie": "nous essayons de faire deux choses en même temps", "préserver la croissance" et assainir les finances publiques.
Il a donc salué les "décisions très courageuses et très difficiles" annoncées par plusieurs gouvernements européens en matière d'austérité.
"Aujourd'hui, les marchés attaquent immédiatement dès qu'ils voient le moindre signe de faiblesse, voilà pourquoi ces annonces (...) sont très importantes", a estimé Angel Gurria
Pour ne pas menacer la reprise, l'OCDE conseille de réduire les déficits en privilégiant "les instruments qui nuisent le moins à la croissance", comme les réductions de certaines dépenses et la hausse des taxes sur la consommation ou des impôts environnementaux.
Dans le détail, les disparités se retrouvent aussi au sein de la zone euro: la croissance y sera plus forte dans les deux principales économies, l'Allemagne (+1,9% en 2010 et +2,1% en 2011) et la France (1,7% et 2,1%), tandis que les pays frappés de plein fouet par la crise de la dette vont ressentir les effets de cures d'austérité. La Grèce "s'enlise dans la récession" (-3,7% cette année et -2,5% l'an prochain), mais l'Espagne n'est pas non plus tirée d'affaire en 2010 (-0,2%).
Au Royaume-Uni en revanche, la reprise semble s'accélérer, avec une progression attendue du PIB de 1,3% cette année et 2,5% l'an prochain.
Parmi les pays émergents, la Chine devrait encore connaître une expansion spectaculaire de 11,1% en 2010 et 9,7% en 2011. "Le risque de surchauffe a commencé à s'accentuer" et "il est important que la politique monétaire continue à prendre une orientation plus neutre" pour "permettre une appréciation progressive du yuan", prévient l'OCDE, qui évoque la résurgence des "déséquilibres mondiaux".