L'industrie manufacturière confirme son rôle de moteur principal de la reprise économique aux Etats-Unis, mais la poursuite de son redressement en 2012 devrait dépendre pour beaucoup de l'évolution de la conjoncture mondiale.
Selon des chiffres publiés mercredi par la banque centrale (Fed), la production manufacturière du pays a progressé de 4,5% en 2011, soit moins rapidement qu'en 2010 (5,4%).
En dépit de quelques à-coups, les usines des Etats-Unis tirent la reprise économique du pays entamée il y a un peu plus de deux ans et demi et elles attaquent l'année 2012 avec le vent en poupe.
Les chiffres de la Fed montrent en effet que la production manufacturière a enregistré en décembre sa progression mensuelle la plus forte de l'année (+0,9% par rapport à novembre).
Ces données indiquent par ailleurs que la hausse a été forte dans la plupart des branches de ce secteur.
D'autres statistiques, établies par le département du Commerce montrent que les nouvelles commandes reçues par les industriels ont suivi une tendance de hausse de mars à novembre (derniers chiffres disponibles).
Selon l'indice des directeurs des achats du secteur manufacturier publié au début du mois par l'association professionnelle ISM, cette tendance s'est prolongée en décembre, et l'état d'esprit est à l'optimisme pour le début de l'année.
Publié lundi par la Fed, l'indicateur Empire State témoigne en outre d'une accélération en cours de l'activité des usines de la région de New York, de bon augure pour le début de l'année. Selon la Fed, l'appréciation que portent les industriels de la région sur leurs perspectives pour les six mois à venir est au plus haut depuis un an.
Les analystes pensent par ailleurs que l'indice d'activité de la région de Philadelphie, autre grand centre industriel du pays, fera apparaître jeudi une poursuite de la hausse de l'activité des usines.
"L'accélération de la production manufacturière est la preuve que l'économie [américaine] a commencé 2012 en gagnant de l'élan", estime Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors.
M. Naroff relève notamment que, selon la Fed, le taux d'utilisation des capacités du secteur était en décembre à son niveau le plus élevé en trois ans et demi, et estime qu'il y a encore là une bonne marge de progression susceptible de soutenir la reprise économique du pays.
Pour son confrère Peter Newland, de Barclays Capital, "la poursuite de l'amélioration des enquêtes sur l'activité manufacturière et le fort rebond de la production de décembre posent une base solide pour la croissance de la production au premier trimestre".
A plus long terme, néanmoins, la trajectoire de l'activité manufacturière américaine dépendra de la conjoncture économique mondiale.
Les chiffres de la balance commerciale américaine ont montré vendredi que les exportations du pays avaient reculé pour le deuxième mois d'affilée.
Avec le ralentissement de la Chine et l'Europe qui prend le chemin d'une récession, comme l'ont confirmé les toutes dernières prévisions économiques de la Banque mondiale, le vent pourrait rapidement tourner sur les marchés extérieurs qui soutiennent actuellement l'activité des usines américaine.
Compte tenu de ces éléments, écrit Paul Edelstein, du cabinet IHS GLobal Insight, "l'inquiétude" est qu'à terme, " le consommateur américain puisse bien devenir le dernier recours pour le secteur manufacturier américain cette année, ce qui n'est guère réjouissant".