par Leika Kihara et Tetsushi Kajimoto
TOKYO (Reuters) - La Banque du Japon (BoJ) a surpris les marchés financiers vendredi en augmentant encore son programme massif de rachats d'actifs en réponse à une croissance et à une inflation défaillantes après le relèvement de la TVA intervenu en avril.
Le revirement de la BoJ, dont il était attendu qu'elle maintienne le rythme de ses rachats d'actifs inchangé, est intervenu alors que le gouvernement avait indiqué qu'il était prêt à de nouvelles mesures de soutien à l'activité et que le fonds de pension public japonais, le plus grand fonds de pension au monde, s'apprête à renforcer ses achats d'actions japonaises et étrangères.
Les membres du conseil de la BoJ ont décidé, à une majorité étroite de cinq voix contre quatre, une augmentation des achats de dette publique pour les porter à 80.000 milliards de yens par an (575 milliards d'euros), soit 30.000 milliards de plus qu'auparavant.
La banque centrale triplera par ailleurs ses achats de fonds négociés en Bourse (ETF) et de fonds immobiliers et augmentera la maturité de son portefeuille de titres publics.
"L'économie japonaise continue de se reprendre modérément en tendance et il est attendu qu'elle continue de croître au-dessus de son potentiel", a dit la banque centrale. "Mais la faiblesse de la demande domestique après la hausse de la taxe sur la valeur ajoutée et la forte baisse des cours du pétrole pèsent sur les prix".
L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a bondi à un plus haut de sept ans après ces annonces, clôturant en hausse de 4,83%, tandis que le yen plongeait à un plus bas depuis 2008 contre la devise américaine, à 110,68 pour un dollar.
"C'est l'argent facile, donc les financières, les bancaires et les valeurs de l'immobilier devraient continuer d'en bénéficier", a dit Masayuki Doshida, analyste chez Rakuten Securities. "Les marchés étaient préoccupés par l'état de l'économie surtout avec la perspective d'une nouvelle hausse de la TVA (prévue pour 2015)".
La BoJ a aussi annoncé une réduction de moitié de sa prévision de croissance pour l'exercice fiscal en cours et révisé en baisse sa prévision d'inflation. Elle ne s'attend désormais plus qu'à une croissance de 0,5% pour l'exercice fiscal se terminant au 31 mars 2015 contre encore 1,0% anticipé en juillet. Elle table sur une inflation de 1,2% sur l'exercice fiscal en cours, puis 1,7% sur le prochain et 2,1% en 2016/2017.
Les données économiques publiées vendredi avant les annonces de la BoJ faisaient état d'un ralentissement de l'inflation en septembre pour le deuxième mois consécutif, d'une dégradation de la situation du marché de l'emploi et d'une accentuation du recul de la consommation des ménages.
Hors effet de la hausse de trois points de pourcentage du taux de TVA à 8% intervenue le 1er avril, l'inflation sous-jacente est ressortie en hausse de 1% sur un an, fragilisant un peu plus le pronostic de la BoJ, jusqu'alors, d'un retour de l'inflation vers son objectif de 2,0% en rythme annuel dans le courant de l'année prochaine.
Sur le front budgétaire, le ministre de l'Economie Akira Amari a déclaré lors d'une conférence de presse que "la position du gouvernement est de faire tous les efforts nécessaires" pour soutenir l'économie. Il répondait à une question sur l'éventualité d'un nouveau plan de relance budgétaire.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)