La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a tourné mercredi la page du soutien monétaire exceptionnel à l'économie tout en laissant les taux d'intérêt inchangés, proches de zéro.
Le Comité monétaire de la Fed (FOMC), qui cite les "solides gains" sur le marché de l'emploi", cesse comme attendu ses injections de liquidités, constituées d'achats de bons du Trésor notamment.
La banque centrale promet aussi de laisser les taux d'intérêt proches de zéro pendant "une période de temps considérable" mais ajoute que si les progrès de l'inflation et de l'emploi sont plus rapides, une première hausse des taux "pourrait intervenir plus tôt qu'on ne l'anticipe". Elle note aussi que si ces progrès sont plus lents, la hausse des taux interviendra plus tard.
La plupart des analystes misent actuellement sur une première hausse des taux d'ici juin 2015 alors qu'ils sont maintenus proches de zéro depuis fin 2008.
Détail nouveau dans son communiqué, le FOMC ne qualifie plus d'"importante", la sous-utilisation des ressources du marché de l'emploi. Celle-ci "diminue progressivement", constate la Fed faisant référence aux nombreux emplois à temps partiels notamment. Le taux de chômage se situait à 5,9% en septembre.
La Fed constate aussi que l'inflation continue de se tenir sous son objectif de 2%, notant l'influence des bas prix de l'énergie sur la faible hausse des prix. L'inflation ne dépasse pas 1,5% actuellement, selon l'indice PCE, la mesure retenue par la Fed.
Comme attendu, le Comité "a décidé de conclure son programme d'achats d'actif ce mois-ci", dit le communiqué du FOMC.
Ces achats de bons du Trésor et de titres adossés à des créances immobilières, destinés à soutenir la reprise en mettant une pression à la baisse sur les taux d'intérêts, avaient déjà été réduits progressivement à 15 milliards de dollars mensuels.
Depuis deux ans, la Fed a injecté quelque 1.600 milliards de dollars dans le système financier à travers ce troisième volet de soutien monétaire exceptionnel. La Fed assure qu'elle continuera toutefois à réinvestir le produit de ces titres arrivant à maturité et à les garder à son bilan, ce qui "devrait aider à maintenir des conditions financières très accommodantes".
A travers ses trois phases de stimulus exceptionnel depuis six ans, la Fed a en effet accumulé près de 4.500 milliards de dollars d'actifs à son bilan.
- Message moins conciliant -
Un seul membre du FOMC a voté contre cette décision, en la personne de Narayana Kocherlakota, président de l'antenne régionale de la Fed de Minneapolis (nord). Ce responsable, connu pour être du côté des "colombes" plus préoccupées par le chômage que par l'inflation, estime que la Fed devrait garder les taux bas pendant une période plus longue avant que l'inflation ne remonte vers l'objectif de 2%.
Le fait que les deux précédents dissidents, Charles Plosser et Richard Fisher, aient réintégré mercredi les rangs de ceux approuvant le message de la Fed montre que l'orientation de la banque centrale est moins conciliante.
Ces deux responsables, connus pour être dans le camp des "faucons", moins favorables à une politique ultra-accommodante, avaient en septembre voté contre le message d'orientation monétaire qui assurait, sans plus de précision, que les taux resteraient inchangés "pendant une période de temps considérable".
"En dépit des turbulences récentes sur les marchés, le communiqué du FOMC est davantage du ressort des +faucons+", soulignait Paul Ashworth, économiste en chef pour Capital Economics.
"L'abandon du terme +important+ pour qualifier la sous-utilisation du marché de l'emploi pourrait bien s'avérer... important", ajoute cet analyste.
Plusieurs notaient aussi que la Fed n'a fait mention ni de la volatilité des marchés financiers récemment ni du ralentissement de la croissance en Europe ou en Chine. "La Fed n'a assurément pas donné d'indications que les récentes turbulences sur les marchés ont modifié leur façon de voir", notait Jim O'Sullivan, de HFE.
La Fed juge que l'expansion de l'activité de la première économie mondiale reste "modérée".
Le gouvernement doit publier jeudi sa première estimation pour la croissance au 3e trimestre. La prévision médiane des analystes table sur 3% en rythme annualisé après la belle performance du 2e trimestre (+4,6%). Celle-ci représentait un rebond en partie technique à la suite de la contraction du 1er trimestre (-2,1%) due à l'hiver difficile.