par Howard Schneider et Michael Flaherty
WASHINGTON (Reuters) - La Réserve fédérale a, sans surprise, laissé ses taux d'intérêt inchangés mercredi, mais la banque centrale américaine, en soulignant la poursuite de l'amélioration de la conjoncture et du marché du travail, a une nouvelle fois laissé la porte ouverte à un premier relèvement depuis près de 10 ans d'ici la fin 2015.
Dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion de politique monétaire qui s'est étalée sur deux jours, la Fed précise que, à ses yeux, l'économie s'est remise de la contraction du premier trimestre, ajoutant qu'elle connaît une "croissance modérée", malgré une conjoncture difficile dans le secteur de l'énergie et des vents contraires venant de l'étranger.
La Fed a notamment souligné les "créations d'emploi soutenues" au cours des derniers mois.
Cette appréciation plutôt positive de la situation entraîne une hausse de 0,2% du dollar face à un panier de devises internationale même si la Fed garde le flou sur ses intentions concernant le calendrier de la hausse des taux.
Elle a en effet dit qu'elle voulait voir "de nouvelles améliorations sur le marché du travail" avant de relever ses taux.
La Réserve fédérale a ramené ses taux à un niveau juste au-dessus de zéro en décembre 2008, en pleine crise financière, niveau dont ils n'ont pas bougé depuis. La dernière fois que la Fed a relevé ses taux remonte en juin 2006.
A Wall Street, les indices sont bien orientés après les propos de la Fed tandis que le prix des emprunts du Trésor à 10 an est en léger repli.
L'INFLATION DEVRAIT REVENIR À 2%, SELON LA FED
Il y a deux semaines, Janet Yellen, présidente de la Fed, a déclaré que la banque centrale restait disposée à relever les taux d'intérêt cette année, pour autant que le marché de l'emploi s'améliore de façon régulière aux Etats-Unis et que les perturbations à l'étranger n'affectent pas gravement l'économie.
A la suite de ces déclarations, nombre d'économistes pensent que septembre - quand aura lieu la prochaine réunion de politique monétaire - sera le mois où la Fed commencera à relever ses taux.
Le taux de chômage est revenu à 5,3% aux Etats-Unis, niveau considéré comme proche du plein emploi - l'un des deux objectifs de la Fed avec celui de la stabilité des prix - par nombre de responsables.
Et le deuxième trimestre devrait être marqué par le rebond de la croissance - les économistes attendent un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 2,6% en rythme annualisé sur la période - après la contraction, considérée comme un accident, de 0,2% sur les trois premiers mois de l'année.
La première estimation des chiffres du PIB de la période avril-juin est attendue jeudi.
Le ralentissement économique chinois et ses conséquences déjà visibles - chute des cours des matières premières et des Bourses de Shanghaï et de Hong Kong - ont cependant conduit certains spécialistes à penser que la Fed attendra décembre pour donner son premier tour de vis monétaire.
"Comme prévu, la Fed ne s'est pas mise dans où une position où elle sera contrainte de relever ses taux lors de sa prochaine réunion. Elle a largement le temps entre maintenant et la réunion de septembre de préparer les intervenants de marché pour une hausse des taux en septembre", a estimé Dan Greenhaus, chargé de la stratégie chez BTG.
En matière d'inflation, la Fed s'est dit confiante de voir cette dernière remonter à 2%, niveau qui correspond à l'objectif de la banque centrale américaine.
(Benoit Van Overstraeten pour le service français)