La France n'a pas vraiment amélioré en 2013 le résultat de ses transactions courantes avec le reste du monde, encore largement déficitaires malgré l'excédent de ses échanges de services et une légère amélioration de son déficit commercial persistant.
Le déficit des transactions courantes s'est maintenu à un niveau élevé, à 30,3 milliards d'euros, soit 1,4% du Produit intérieur brut, a annoncé lundi la Banque de France.
"Ce déficit ne marque pas de réelle amélioration par rapport à celui de 2012 qui est de 31,8 milliards", a précisé la Banque de France (BdF) au cours d'une conférence de presse.
De plus, ce léger mieux n'est pas à mettre au compte d'un dynamisme retrouvé des entreprises à l'étranger. "Cela est essentiellement dû à une baisse des importations de biens, notamment énergétiques, dans le contexte d'une conjoncture médiocre", a souligné le directeur général des statistiques de la BdF, Jacques Fournier.
Et cette diminution des importations de biens est "essentiellement tirée par la baisse des prix du baril qui contribue fortement à celle de la facture énergétique", a-t-il précisé. "Plus généralement, les importations de la plupart des grandes classes de produits décroissent" en raison de "la faiblesse de la demande interne", souligne-t-il.
- Fort déséquilibre avec l'Allemagne -
Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis, souligne également l'effet d'"une appréciation de l'euro qui rend les importations moins coûteuses".
La balance des transactions courantes est un bon indicateur de la situation d'une économie par rapport au reste du monde car elle va au-delà des seuls échanges de biens, déficitaires depuis de longues années en France. Elle prend en compte ceux, croissants, de services ainsi que les revenus des investissements et ceux du travail versés entre agents économiques en France et à l'étranger.
Les échanges de biens et de services ont poursuivi leur amélioration l'an dernier avec un déficit de 24 milliards, soit de 6 milliards inférieur à celui de 2012. "L'essentiel" du déficit des échanges de biens, c'est-à-dire du déficit commercial de la France "provient du déséquilibre de ses échanges avec la zone euro en particulier avec l'Allemagne", fait remarquer la BdF.
Les échanges de services dégagent un excédent comme les années précédentes mais celui-ci est en diminution, passant de 25 milliards en 2012 à 18 milliards en 2013. Les importations de services (+9%) croissent davantage que les exportations (+4%).
Seconde composante des transactions courantes, les revenus "reflètent notamment les profits tirés de l'activité internationale des groupes français, les revenus de placements financiers et, en sens inverse, la charge des intérêts versés en contrepartie de l'endettement auprès de l'étranger", explique la BdF.
Alors que le solde de tous ces revenus était positif en 2011, il était déficitaire de 6 milliards d'euros l'an dernier. En 2012 il était négatif de 2 milliards.
C'est ce solde des transactions courantes qui in fine détermine si un pays a acquis sur une période la capacité de prêter des capitaux au reste du monde ou a besoin d'en emprunter, sa tendance à s'enrichir ou s'appauvrir.
- Soutien à la compétitivité "indispensable" -
"Une amélioration des exportations de biens mais aussi de services constitue plus que jamais une forte nécessité", plaide M. Fournier. "C'est à la fois un facteur de croissance et une condition pour que celle-ci ne s'opère pas au détriment de l'indépendance financière nationale", avertit le statisticien.
"La poursuite déterminée et rapide des actions engagées par les pouvoirs publics en faveur de la compétitivité internationale des entreprises françaises est donc indispensable", ajoute-il.
La balance des transactions courantes est une composante de la balance des paiements, qui comporte également le compte de capital (remise de dette, achat de brevets, de terrains...), et le compte financier qui répertorie entre autres les investissements directs et de portefeuille et l'évolution des réserves en devises et en or.
La BdF note que "l'année 2013 confirme la tendance à la décrue des investissements directs français à l'étranger enregistrée depuis 2009". Mais ces investissements directs, qui représentent les prises de participation stratégiques des entreprises, restent créditeurs, c'est-à-dire que les investissements directs français à l'étranger sont supérieurs aux investissements directs étrangers en France, à hauteur de 389 milliards en 2013.