La croissance économique aux Etats-Unis a été robuste au troisième trimestre, donnant raison à la banque centrale qui a arrêté ses opérations de soutien monétaire mais veut rester prudente face à une économie encore convalescente.
Le Produit intérieur brut (PIB) américain a progressé de 3,5% en rythme annualisé de juillet à septembre, selon une première estimation du gouvernement, surprenant les analystes qui tablaient sur une expansion de 3%.
"Cette robustesse inattendue de la croissance au troisième trimestre justifie l'affirmation de la Réserve fédérale mercredi qui disait +percevoir des forces sous-jacentes suffisantes dans l'économie en général+", a estimé Paul Ashworth de Capital Economics.
La banque centrale (Fed) a mis un terme mercredi à six ans de soutien monétaire exceptionnel en cessant ses injections de liquidités dans le système financier.
Mais elle a encore promis des taux inchangés proches de zéro pendant "un temps considérable" pour soutenir l'économie, à moins qu'une accélération des prix ou des emplois ne change la donne.
Les analystes s'attendent en majorité à une première hausse des taux en juin, mais, à l'annonce de cette croissance solide jeudi, certains pariaient déjà sur une remontée des taux en mars-avril. "Si la croissance continue à ce rythme, ce que je crois, le premier resserrement de la Fed pourrait bien intervenir au printemps quand les salaires vont remonter", a affirmé Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics.
La Maison Blanche s'est félicité de ce trimestre "solide" à la veille des élections législatives de mi-mandat mardi. "Depuis la crise financière, l'économie américaine a rebondi plus fortement que la plupart des autres économies mondiales et ces derniers chiffres montrent que les Etats-Unis continuent d'assurer le leadership de la reprise", a affirmé Jason Furman, du Cercle des économistes de la Maison blanche.
- Inflation encore faible -
De juillet à septembre, la croissance a été tirée par les bonnes performances du commerce extérieur, avec des exportations en hausse de 7,8% et des importations en baisse de 1,7%, ce recul s'expliquant notamment par la chute des importations de pétrole et le raffermissement du dollar. Les dépenses publiques ont connu un rebond, inédit en six ans, tirées par les investissements dans la défense, un secteur toutefois très volatil d'un trimestre à l'autre.
Les entreprises ont continué d'investir davantage (+5,5%) mais à un rythme un peu ralenti.
Beaucoup moins vigoureux, l'investissement résidentiel n'a progressé que de 1,8%, faisant écho à la préoccupation de la Fed qui juge que la reprise du marché du logement "demeure faible".
Enfin, l'évolution des dépenses de consommation, coeur de l'économie américaine, a été décevante. Elle a marqué un progrès de seulement 1,8% contre 2,5% au trimestre d'avant, les dépenses dans les services ayant même reculé.
Mais les conditions sont en place pour une bonne saison d'achats de fin d'année, assurent les économistes, la baisse des prix de l'essence libérant une marge de manoeuvre dans le budget des ménages. La Fédération nationale des détaillants espère un bond des achats de 4,1% pour les fêtes de fin d'année, contre 3,1% en 2013.
Reste que l'inflation demeure faible, encore loin de l'objectif de 2% de la Réserve fédérale.
L'indice des prix du PIB associé aux achats intérieurs, la mesure surveillée tout particulièrement par la Fed, a ralenti sa progression à 1,3%, selon les chiffres de jeudi. "Je parie que la Fed ne va pas aimer cela", suggérait Joel Naroff, économiste indépendant.
Même si elle est considérée comme une bonne nouvelle par les consommateurs, une inflation trop basse ralentit la consommation.
C'est une des raisons principales pour laquelle la banque centrale garde ses taux proches de zéro "pendant un temps considérable", espérant doper la consommation et les investissements. D'autant plus que la chute des prix de l'énergie joue encore à la baisse, ainsi que "d'autres facteurs", soulignait la Fed, désignant à mots couverts le ralentissement économique en Europe et en Asie.