A 8 jours d'un sommet européen crucial, Nicolas Sarkozy prononcera jeudi soir à Toulon (sud-est) un discours très attendu sur l'avenir de l'Europe, alors que la BCE refuse de jouer le rôle de pare-feu face à la crise tout en ménageant une ouverture.
"Il y a un traité. On ne doit pas demander à la BCE de faire des choses hors du traité", a asséné le nouveau président de la BCE, Mario Draghi, devant le Parlement européen à Bruxelles.
Autrement dit, la BCE ne jouera pas le rôle de prêteur de dernier ressort des Etats de la zone euro, à l'image de la Réserve fédérale aux Etats-Unis, comme le souhaiteraient nombre de responsables politiques et d'économistes pour mettre un terme à la propagation de la crise de la dette.
Ces déclarations sont une mauvaise nouvelle pour Paris qui souhaite un rôle accru de la BCE pour venir en aide aux Etats en difficulté en contrepartie du renforcement de la discipline budgétaire exigé par Berlin.
Mais Mario Draghi a dans le même temps laissé entendre que la BCE pourrait faire plus si les gouvernements de la zone euro adoptent le pacte budgétaire qu'elle appelle de ses voeux pour éviter un renouvellement de la crise actuelle.
Ce pacte est peut-être aussi le moyen d'ouvrir la voie à d'autres actions de la BCE, a-t-il laissé entendre, soulignant que d'"autres éléments peuvent suivre mais c'est l'ordre qui compte".
Le président français doit esquisser sa vision pour sortir de la crise lors d'un discours à 17H30 GMT, qui marquera le début d'une séquence décisive pour l'avenir de la zone euro.
Vendredi, Angela Merkel s'exprimera à son tour devant le Bundestag et les dirigeants de l'UE se retrouveront les 8 et 9 décembre pour un sommet où il sera question de revoir complètement les règles du jeu budgétaire.
Depuis plusieurs jours, Paris et Berlin négocient d'arrache-pied pour accoucher d'une "initiative" conjointe destinée à améliorer la gouvernance économique européenne et ramener enfin le calme sur les marchés.
Mais aucune réponse convaincante n'est encore en vue.
L'Allemagne veut imposer une discipline budgétaire de fer aux membres de la zone euro mais refuse en contrepartie une solidarité financière entre Européens que réclame Paris par le biais de la BCE, de l'émission d'euro-obligations ou d'un renforcement du fonds de secours de la zone euro.
"Ce dont nous avons besoin, ce sont avant tout des sanctions automatiques en cas de violation des règles de stabilité, qui devraient être complétées par l'instauration d'un droit d'action auprès de la Cour de justice", a répété le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle.
Preuve de la gravité de la situation, le gouverneur de la Banque d'Angleterre Mervyn King a indiqué avoir établi un "plan d'urgence" pour faire face à un éventuel éclatement de la zone euro.
Les dirigeants de la zone euro "font face à des choix extraordinairement difficiles. Je n'aimerais pas être à leur place", a dit M. King.
La Pologne, qui préside l'UE jusqu'à la fin de l'année, a souhaité jeudi un changement rapide du Traité européen de Lisbonne, pour faire face à la crise.
S'il sera guetté par ses partenaires européens et au-delà, le discours de Nicolas Sarkozy aura également un fort enjeu de politique intérieure, le président français étant convaincu que sa réélection au printemps 2012 se jouera sur sa gestion de la crise.
M. Sarkozy est accusé par la gauche d'être prêt à céder à Berlin. "Depuis plusieurs mois, c'est Mme Merkel qui décide et M. Sarkozy qui suit", a déploré mercredi le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande, favori des sondages.
Les Bourses restaient calmes au lendemain de l'intervention concertée des principales banques centrales mondiales pour offrir un peu d'oxygène au secteur bancaire.
En revanche en Grèce, plusieurs milliers de personnes manifestaient à Athènes, en marge d'une grève générale contre la cure d'austérité frappant le pays depuis deux ans.
Il s'agit de la première grève contre le nouveau gouvernement d'union nationale de Lucas Papademos et la sixième grève générale depuis le début de l'année.