Le Portugal, tout juste sorti de son plan de sauvetage international et secoué depuis par l'effondrement de la deuxième banque du pays, a échappé à la récession grâce à un rebond de l'activité économique au deuxième trimestre.
Le Produit intérieur brut (PIB) portugais augmenté de 0,6% entre avril et juin par rapport aux trois mois précédents, après un recul de 0,6% au premier trimestre, selon une première estimation publiée jeudi par l'Institut national des statistiques (Ine).
Ce rebond "est dû surtout à l'augmentation des exportations", a précisé l'Ine dans un communiqué, et permet ainsi au Portugal de ne pas retomber en récession technique, définie par deux trimestres consécutifs de contraction de l'activité économique.
En glissement annuel, le PIB a enregistré une hausse de 0,8% au deuxième trimestre, après une augmentation de 1,3% constatée trois mois plus tôt. Ce ralentissement s'explique par une demande intérieure moins soutenue, en raison notamment de l'évolution de l'investissement.
Le ministre de l'Economie Antonio Pires de Lima s'est aussitôt félicité que son pays affiche une "croissance robuste" et "parmi les plus fortes de toute l'Europe", alors la zone euro dans son ensemble a stagné.
Soumis à une sévère cure de rigueur budgétaire dans le cadre du plan de sauvetage financier accordé en mai 2011 par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, le Portugal avait connu deux ans et demi de récession avant d'en sortir au printemps 2013.
La reprise avait été interrompue par une rechute surprise observée en début d'année, expliquée alors par une baisse des exportations et une hausse plus faible de l'investissement.
Les analystes avaient réagi sans alarmisme à cette inversion de tendance, jugeant qu'elle était provoquée par des facteurs conjoncturels qui ne remettaient pas en cause le rétablissement progressif de l'économie portugaise.
Leurs prévisions pour le deuxième trimestre tablaient ainsi sur une croissance située entre 0,2 et 1%.
- Chômage en net recul -
Pour l'ensemble de l'année, le gouvernement portugais et la Commission européenne s'attendent à une hausse du PIB de 1,2% après un recul de 1,4% l'an dernier.
Les principaux voyants de l'économie portugaise sont donc au vert: le taux de chômage a accéléré sa baisse au deuxième trimestre, à 13,9%, et les exportations sont reparties à la hausse en juin, augmentant de 8% en glissement annuel après trois mois de recul.
L'économie portugaise pourrait toutefois pâtir des répercussions de la débâcle de la banque Espirito Santo (BES), sauvée de la faillite le 3 août grâce à une injection de capital de 4,9 milliards d'euros financée par l'Etat et le Fonds de résolution alimenté par les banques opérant au Portugal.
Cette solution devrait être "budgétairement neutre pour le gouvernement", mais la perte de confiance des investisseurs dans le pays "pourrait pénaliser la croissance portugaise de 0,5 à 1 point de PIB en 2015", ont estimé les analystes de la banque Natixis, qui tablent l'année prochaine sur une croissance de 1,5%, en ligne avec les prévisions officielles.
Afin de renflouer la nouvelle banque créée à partir des actifs sains de BES, le gouvernement a décidé d'accorder un prêt de 3,9 milliards au Fonds de résolution en puisant dans l'enveloppe de 12 milliards d'euros allouée à la recapitalisation des banques prévue par le plan d'aide internationale.
Lisbonne s'est affranchi de la tutelle de ses bailleurs de fonds en mai dernier en renonçant à la dernière tranche d'aide pour se donner le temps de remplacer plusieurs mesures de rigueur invalidées par la Cour constitutionnelle.
Ce tribunal doit rendre jeudi son verdict concernant deux mesures de substitution adoptées depuis par le gouvernement, qui prévoient de nouvelles coupes dans les salaires des fonctionnaires et les pensions, afin de ramener le déficit public à 4% cette année comme prévu.