par Lucia Mutikani
WASHINGTON (Reuters) - Les créations d'emplois aux Etats-Unis ont été nettement supérieures aux attentes au mois de juillet et le salaire horaire moyen a augmenté plus que prévu, des données qui suggèrent une accélération de la croissance économique du pays et augmentent la probabilité d'une hausse des taux d'intérêt cette année.
Le département du Travail a recensé 255.000 créations de postes le mois dernier alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne 180.000. Les chiffres de juin et de mai ont en outre été révisés en hausse, à respectivement 292.000 et 24.000 contre 287.000 et 11.000 précédemment.
Le taux de chômage est resté à 4,9% en juillet du fait d'une hausse du nombre de personnes entrant sur le marché du travail. Le consensus était d'un taux de chômage à 4,8%. Le salaire horaire moyen a progressé de 0,3% après +0,1% en juin et un consensus de +0,2%. Sur un an, sa progression sur un an ressort à 2,6%, comme en juin.
"Dans leur ensemble, ces chiffres sont plutôt bons. Ils montrent que l'économie, d'un point de vue du marché du travail, va dans la direction voulue par la Fed (...)", juge Doug Duncan, économiste en chef de Fannie Mae.
Au vu des données de juillet concernant le marché du travail, les courtiers estiment désormais à 46% les chances d'un tour de vis monétaire avant la fin de l'année, contre 34% avant la publication des chiffres de vendredi.
La Fed, qui a relevé ses taux d'intérêt à la fin de l'année 2015 pour la première fois depuis près de dix ans, a observé le statu quo en matière de politique monétaire la semaine dernière, tout en estimant que les risques à court terme sur les perspectives de l'économie américaine avaient diminué.
Selon Janet Yellen, la présidente de la Fed, l'économie américaine doit créer un peu moins de 100.000 emplois par mois pour rester en phase avec la croissance de la population. La banque centrale tiendra encore trois réunions de politique monétaire cette année - en septembre, en novembre et en décembre.
RECORD DU S&P 500
"Ces données confortent le sentiment que l'économie s'améliore malgré les données du PIB du deuxième trimestre (...) cela augmente la probablité d'une hausse des taux de la Réserve fédérale à court terme", résume Aaron Kohl, chargé de la stratégie taux chez BMO Capital Markets.
La croissance américaine, avec un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 1,2% en rythme annualisé, a été nettement moins soutenue que prévu au deuxième trimestre, sous le coup notamment d'une première diminution des stocks des entreprises depuis 2011.
Néanmoins, le bond de la consommation des ménages sur la période atteste d'une bonne santé sous-jacente de la première puissance économique mondiale.
L'amélioration du marché de travail, notamment l'accélération de la hausse des salaires, pourrait apaiser les frustrations de certains électeurs américains, à trois mois des élections présidentielles du 8 novembre, qui estiment avoir été laissés de côté par la reprise économique qui a suivi la crise financière de 2007-2009.
Dopée par les données de l'emploi, Wall Street gagnait environ 1% vers la mi-séance, avec un indice S&P 500 inscrivant un nouveau record historique à plus de 2.181 points.
Sur le marché des changes, le dollar progressait de plus de 0,5% face à un panier de devises internationales, le billet vert étant porté par la remise au goût du jour de l'hypothèse d'un tour de vis monétaire imminent.
De leur côté, le prix des emprunts du Trésor américain à 10 ans perdait plus de 0,6%, les obligations souveraines étant souvent délaissées par les investisseurs en cas de publication de données macroéconomiques meilleures que prévu.
(Benoit Van Overstraeten pour le service français)