par Kevin Yao et Xiaoyi Shao
PEKIN (Reuters) - L'économie chinoise continue de s'essouffler à l'entame du dernier trimestre avec les difficultés persistantes du marché de l'immobilier et des perspectives peu encourageantes pour les exportations, montrent deux études publiées lundi.
Ces signes de ralentissement renforcent l'hypothèse de voir la Chine manquer son objectif d'un taux de croissance annuel d'environ 7,5% de son produit intérieur brut (PIB) en 2014, malgré les nombreuses mesures de soutien déjà adoptées par les autorités.
Ces dernières pourraient être incitées à agir davantage pour redonner de l'élan à la deuxième économie du monde, confrontée à une demande intérieure et extérieure en berne.
"Le rythme de croissance ralentit à l'entame du quatrième trimestre", remarque Kevin Lai, économiste chez Daiwa Capital Markets à Hong Kong.
"Les exportations ont été assez solides ces deux derniers mois mais cette tendance était essentiellement soutenue par la demande au secteur de l'électronique. Les commandes d'iPhone, etc., ont de nouveau ralenti. L'Europe et le Japon sont toujours confrontés à des difficultés, donc ce ne sont pas de bonnes nouvelles", a-t-il ajouté.
La croissance dans les services est tombée en octobre à son rythme le plus faible depuis neuf mois, l'indice officiel des directeurs d'achat ressortant à 53,8, un plus bas depuis janvier, contre 54,0 en septembre, selon le Bureau national de la statistique.
Ce résultat reste confortablement au-dessus du seuil de 50 séparant la contraction de la croissance mais l'examen détaillé de l'indice montre que l'immobilier et l'emploi sont en recul.
LES COMMANDES À L'EXPORTATION RALENTISSENT
Les prix de l'immobilier en Chine ont baissé en octobre pour le sixième mois consécutif, a montré une autre étude rendue publique vendredi, malgré les efforts du gouvernement pour soutenir le marché.
L'indice PMI HSBC/Markit également rendu public lundi indique aussi une tendance au ralentissement de l'économie chinoise.
Même si la croissance de l'activité manufacturière a légèrement augmenté dans son ensemble, l'indice PMI HSBC/Markit affichant 50,4 en octobre contre 50,2 le mois précédent, les croissances des nouvelles commandes aussi bien sur le marché intérieur qu'à l'exportation ont atteint leur plus bas niveau en quatre à cinq mois, tout en restant positives.
Or les exportations ont été depuis le début de l'année l'un des rares signaux positifs pour l'économie chinoise. Elles ont notamment compensé la faiblesse de la demande intérieure au troisième trimestre.
Pour Tommy Xie, économiste à la banque OCBC, sans cette résistance des exportations, l'économie chinoise n'aurait connu qu'une croissance de 6,7% en rythme annuel au cours des trois premiers trimestres, soit le taux le plus faible depuis la crise asiatique de 1998.
Les indices rendus publics lundi amènent Kevin Lai, de Daiwa Capital Markets, à prédire une croissance de seulement 6,9% au dernier trimestre, ce qui donnerait un taux de 7,2% pour l'ensemble de l'année.
(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Patrick Vignal)