par Koh Gui Qing et Kevin Yao
PÉKIN (Reuters) - Les exportations chinoises ont chuté de 15% en mars et les importations ont également diminué, des chiffres qui ont surpris les marchés et ravivent les craintes concernant le ralentissement de la deuxième économie mondiale.
Le recul des exportations, à son rythme le plus marqué depuis un an alors que les économistes attendaient une hausse de 12%, pourrait notamment aggraver les inquiétudes quant à l'impact de la hausse du yuan sur la demande de biens et services chinois à l'étranger, soulignent les analystes.
Signe que la demande intérieure est elle aussi morose, les importations ont diminué de 12,7% sur un an en mars, selon les chiffres publiés lundi par l'Administration générale des douanes.
Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur une baisse de 11,7% des importations par rapport à mars 2014.
"C'est un très mauvais chiffre, bien plus mauvais que prévu", souligne Louis Kuijs, économiste chez RBS à Hong Kong, en parlant des exportations.
"Il tire la sonnette d'alarme tant sur la demande mondiale que sur la compétitivité de la Chine", poursuit-il.
Le commerce extérieur chinois subit un coup de frein depuis environ un an et inquiète les dirigeants politiques du pays, dans un contexte de ralentissement durable de la croissance.
L'agence Chine Nouvelle a récemment rapporté des propos du vice-Premier ministre Wang Yang évoquant des mesures pour interrompre le ralentissement des exportations qui pèse sur la croissance.
La baisse des exportations pourrait affecter l'emploi, ce qui tendrait à favoriser les mouvements sociaux dans le pays.
Jusqu'à présent, le marché du travail semble bien résister aux signes que le rythme de croissance annuelle se rapproche de 7%, son plus bas niveau en 25 ans.
Les statistiques concernant la croissance chinoise du premier trimestre doivent être publiées mercredi.
L'excédent commercial du mois dernier s'établit à 3,1 milliards de dollars, loin des 45,4 milliards attendus.
Huang Songping, porte-parole des douanes, met en avant l'effet négatif de la hausse du yuan pour les exportateurs.
Les coûts liés au travail, au financement et aux taux de changes "restent obstinément élevés et l'avantage compétitif du commerce extérieur traditionnel a été affaibli", dit-il.
La devise chinoise a atteint un niveau record de 0,15274 euro le 16 mars, en hausse de 16% depuis début 2015.
(Jean-Philippe Lefief et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Patrick Vignal)