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Les petites lignes de train, un luxe pour le pays?

Publié le 16/02/2018 17:29
Des TER sortis des ateliers Bombardier, gare Saint-Lazare à Paris, le 15 février 2018 (Photo LUDOVIC MARIN. AFP)
AIRF
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Des TER sortis des ateliers Bombardier, gare Saint-Lazare à Paris, le 15 février 2018 (Photo LUDOVIC MARIN. AFP)

Trop chères à entretenir alors qu'elles ne voient passer que très peu de trains, de nombreuses "petites lignes" sont menacées, l’État entendant concentrer ses efforts vers la rénovation des axes les plus fréquentés, au grand dam des élus locaux.

Selon le rapport sur l'avenir du réseau ferroviaire français remis jeudi au gouvernement par l'ancien patron d'Air France (PA:AIRF), Jean-Cyril Spinetta, ces lignes sont "héritées d'un temps révolu".

"Les chiffres sont assez saisissants", a-t-il déploré devant des journalistes.

La circulation sur le réseau "est relativement peu" importante, "moins de 50 trains par jour en moyenne, avec des écarts considérables", a-t-il remarqué: 90% du trafic passagers s'effectue sur 30% du réseau.

Pendant ce temps, les petites lignes transportent 2% des voyageurs dans 9% des trains, sur 45% du réseau. Or, elles mobilisent actuellement 16% des moyens consacrés au ferroviaire, soit 1,7 milliard d'euros par an.

Chaque kilomètre parcouru par un voyageur coûte un euro à la collectivité.

La situation ne serait pas catastrophique si ces lignes n'étaient pas en mauvais état. L’État et les régions ont beaucoup investi ces dernières années, mais il faudrait encore ajouter, selon SNCF Réseau, plus de 5 milliards d'euros pour assurer leur pérennité.

"Le rapport ne propose pas de fermeture de ligne", assure Jean-Cyril Spinetta.

Il n'empêche: il préconise un audit de ces liaisons qui représentent le quart de l'offre des TER, doublé d'une contre-expertise du Commissariat général à l'investissement.

Le réseau secondaire serait ensuite divisé en deux parties: les lignes "dont la rénovation est justifiée d'un point de vue socio-économique", et les autres, qui formeraient un "réseau obsolète".

L’État se désengagerait complètement de ces dernières, libre aux régions de les sauver.

A la place des trains, on ferait circuler des autocars... ou pourquoi pas des navettes automatiques, qui rouleraient sur les emprises des voies ferrées abandonnées.

"Il faut que chaque euro investi soit investi là où il doit l'être, et le plus efficacement" possible, a souligné M. Spinetta. "Et donc réaffecter cet argent là où les besoins s'expriment, c'est-à-dire dans les grandes agglomérations."

- trains vides -

"Le service public, je veux bien, mais quand il n'y a pas de public, comment fait-on?", a-t-il demandé vendredi sur France Inter, répondant aux critiques. "C'est ça, la réalité: ces trains sont vides!" Et un train diesel vide est bien plus polluant qu'un autocar moderne, selon lui.

Ces préconisations viennent conforter la position du gouvernement et la ministre des Transports Élisabeth Borne a déjà répété que les efforts de modernisation du réseau devaient aller en priorité aux trains du quotidien, c'est-à-dire "pour transporter beaucoup de monde".

Les régions sont évidemment consternées, elles qui ont beaucoup investi pour acheter des trains et rénover des voies.

A la question de savoir si elles sont prêtes à mettre la main à la poche pour sauver des lignes régionales, le chargé des transports à l'association Régions de France, Michel Neugnot (PS), s'est exclamé: "Non!"

"Nous avons décidé (...) de faire des contre-propositions", a-t-il noté sur France 3. "Il faut trouver un équilibre. Les régions sont prêtes à prendre leurs responsabilités, mais pas à n'importe quel prix."

Matignon a déjà assuré qu'"aucune décision ne [serait] engagée sans discussion étroite avec les régions et les territoires", et qu'il respecterait les "engagements pris dans les contrats de plan État-région (CPER)".

Le rapport Spinetta suggérait d'"envoyer un signal clair" en redéployant déjà des crédits affectés par l’État aux investissements ferroviaires dans le cadre des CPER vers la partie la plus fréquentée du réseau.

En attendant ces discussions, les trains doivent ralentir en attendant d'éventuels travaux, et des lignes ferment discrètement. On ne peut plus voyager en train de Saint-Étienne à Clermont-Ferrand, de Clermont-Ferrand à Brive-la-Gaillarde, ou de Châlons-en-Champagne à Verdun.

Parmi les lignes menacées, on peut citer celle qui relie Abbeville au Tréport, qui doit fermer "temporairement, pour des raisons de sécurité" en mai. Elle voit passer deux allers et retours de TER par jour, qui transportent 130 personnes, soit 32 passagers par train, avec un taux de remplissage de moins de 20%.

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