Et si dans la morosité ambiante la France s'enthousiasmait pour un projet ? C'est le pari de la candidature de Paris pour l'exposition universelle en 2025, qu'un rapport parlementaire présenté mercredi prochain devrait promouvoir.
Les soutiens de tous bords à ce projet lancé par le député-maire UDI de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin, se sont agrégés depuis trois ans, culminant avec l'annonce officielle le 13 octobre du soutien de l'Etat par la voix de Manuel Valls.
C'est "une magnifique opportunité pour l'image dans le monde du Grand Paris et de la France", affirmé le Premier ministre, assurant que "l'Etat sera au rendez-vous de cette grande ambition", à laquelle sont favorables 84% des Français.
Tout a commencé en 2010: M. Fromantin, planchant sur des questions d’aménagement, redécouvre l'urbanisme du XIXe siècle et l'Exposition universelle que la France a accueilli cinq fois, en 1855, 1867, 1878, 1889 et 1900.
"La deuxième moitié du XIXe siècle ressemble à ce que l'on vit: une France qui doutait, la remise à plat des modèles économiques, la mondialisation", raconte à l'AFP M. Fromantin, qui a depuis créé en 2012 l'association ExpoFrance 2025.
"Nous avons une grande saga d'expos universelles qui ont donné à la France son élan pour le XXe siècle", ajoute ce passionné, rêvant que "l'on retrouve ne fut-ce que 10% de cette audace pour redonner confiance", notamment dans l'innovation technologique.
A cette époque, les objets nouveaux furent le tapis roulant, le percolateur, les bateaux-mouche et évidemment... la Tour Eiffel. Héritée de l'Expo de 1889 pour le centenaire de la Révolution française, elle est bien "devenue le symbole du pays et du génie français".
Les expositions "ont toujours été un formidable accélérateur de développement économique et d'innovation", renchérit Jean-Yves Durance, vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Paris Ile-de-France, qui prédit des "retombées économiques gigantesques".
- 'La bêtise des JO de 2012' -
Jean-Paul Huchon, président PS de l'Ile-de-France, y voit "une occasion autre que de faire du +French bashing+, cela pourrait soulever une certaine fierté, et sans peser sur les finances publiques, c'est un très bon concept pour l'époque!".
Le projet de M. Fromantin, sur lequel travaille ExpoFrance 2025 avec la moitié des entreprises du CAC 40 et une dizaine de grandes écoles et universités, serait de s'affranchir du modèle d'une exposition avec des pavillons nationaux, discriminant pour les petits pays. "Ce qui aura encore du sens en 2025, ce sera la rencontre", affirme M. Fromantin.
Les pays seraient accueillis dans des lieux existants - Paris intra-muros et le futur Grand Paris en regorgent - et les métropoles françaises seraient associées pour diverses manifestations et colloques.
En ces temps de disette d'argent public, le financement de ce qu'il faudrait tout de même construire se ferait "par emprunt obligataire remboursés sur les recettes", selon M. Fromantin. D'ici là, ce sont les entreprises privées qui financent ExpoFrance 2025.
Pour Jean-Yves Durance (CCI), "il ne suffit pas d'avoir une belle idée, il faut la concrétiser, déposer un projet très élaboré en 2016 et ne pas faire la bêtise des JO de 2012: il faudra aller convaincre pays par pays et se rappeler que le Botswana a une voix comme les Etats-unis".
La France, outre son démarrage précoce, compte des atouts pour ce lobbying: "un réseau d'ambassades et de chambres de commerce, un ministre des Affaires étrangères très investi sur le tourisme, le soutien clair de l'Etat", énumère Luc Carvounas, sénateur-maire PS du Val-de-Marne, qui a adhéré dès le début à ce projet "d'un élu de droite et de l'ouest parisien".
De plus, 2025 "arriverait au moment où l'essentiel du réseau du (métro) Grand Paris Express aura été réalisé, où la métropole existera d'une manière ou d'une autre", a souligné M. Durance.
Toutefois, des difficultés sont aussi déjà identifiées: "Il faudra que le Bureau international des Expositions adhère à notre concept sans pavillons traditionnels; que le Grand Paris Express soit effectivement réalisé et que le privé soit au rendez-vous pour le support financier", a listé Jean-Louis Missika, adjoint à la Mairie de Paris.