L'industrie sud-coréenne du tourisme souffre du boycottage chinois consécutif au déploiement dans le pays d'un bouclier antimissile américain, avec un effondrement de 40% au mois de mars du nombre de visiteurs originaires du géant asiatique, selon des statistiques publiées mardi.
Pékin a interdit à partir du 15 mars aux groupes de touristes chinois de se rendre en Corée du Sud à cause de l'installation du système Thaad (Terminal High Altitude Area Defense) dans ce pays.
Séoul comme Washington assurent que le bouclier a des visées purement défensives face aux menaces venues de Corée du Nord.
Mais Pékin considère que Thaad et son puissant radar sont susceptibles de réduire l'efficacité de ses propres systèmes de missiles. La Chine a réagi avec colère, imposant une série de mesures vues à Séoul comme de la rétorsion économique.
D'après l'Organisation du tourisme coréen (KTO), le nombre total de visiteurs a chuté de 11,2% sur un an, à 1,23 million.
D'ordinaire, plus de la moitié des touristes qui visitent la Corée du Sud sont chinois, mais à peine plus de 360.000 Chinois se sont rendus dans ce pays en mars, contre un peu plus de 600.000 en mars 2016.
Cette baisse a des conséquences sur les magasins hors taxes de Corée du Sud, dont 70% du chiffre d'affaires est assuré par une clientèle chinoise, selon une porte-parole du géant de la vente au détail Lotte.
L'unité Lotte Duty Free du cinquième conglomérat sud-coréen a enregistré sur un an une baisse de 40% de ses ventes auprès de clients chinois depuis l'interdiction des voyages de touristes chinois.
Lotte a dû fermer 85 de ses 99 magasins en Chine à la suite d'appels au boycottage lancés alors que le groupe venait d'accepter de fournir un terrain de golf pour que Thaad puisse y être déployé.
Pour le premier semestre 2017, les pertes accumulées du groupe devraient atteindre un milliard de dollars, selon les estimations.
La Corée du Sud tente de faire face en attirant davantage de ressortissants d'autres pays, Japon et nations du Sud-Est asiatique. Néanmoins, les tensions régionales croissantes dues aux ambitions nucléaires de la Corée du Nord dissuadent les touristes japonais de faire le voyage, selon l'agence sud-coréenne Yonhap.