Investing.com - Les derniers chiffres de l’inflation américaine pour le mois de janvier, qu’il s’agisse de l’indice global ou de l’indice core, ont une nouvelle fois surpris à la hausse. L’IPC global (en glissement annuel) ressort ainsi à 3,0 %, légèrement supérieur au 2,9 % attendu, alors que l’IPC core progresse à 3,3 %, au lieu des 3,1 % anticipés. Les variations mensuelles accélèrent également, avec une progression de 0,5 % contre 0,3 % prévu. Cette quatrième surprise consécutive pour un mois de janvier est partiellement attribuée à plusieurs facteurs ponctuels, parmi lesquels l’impact des incendies en Californie sur le coût du logement et les véhicules d’occasion (dont les prix affichent +2,2 % sur un mois), ou encore des hausses de prix préemptives liées à d’éventuels tarifs douaniers.
Face à ces chiffres plus élevés que prévu, les anticipations de baisse de taux de la Réserve fédérale pour 2023 se réduisent. Avant cette publication, le marché intégrait près de 40 points de base de réduction d’ici la fin de l’année ; ce chiffre est désormais tombé à 31 points. La perspective d’une première baisse de taux en septembre laisse ainsi place à un calendrier plus tardif, autour de décembre. La Fed, dont l’objectif d’inflation se situe autour de 2 %, constate que celle-ci reste persistante et pourrait donc maintenir un ton restrictif plus longtemps. Jerome Powell, qui s’adresse de nouveau au Congrès dans le cadre de la présentation semestrielle de la politique monétaire, ne devrait pas dévoiler d’informations inédites par rapport à son discours précédent, mais les questions autour de l’accélération de l’IPC seront scrutées de près par les marchés.
Les réactions des différents compartiments financiers ne se sont pas fait attendre. Le dollar américain s’est immédiatement apprécié, avec un mouvement de près de 90 pips sur l’USD/JPY pour atteindre la zone de 154,44, prolongeant ainsi une hausse totale d’environ 200 pips sur la journée. Les rendements obligataires se sont logiquement tendus, traduisant une réévaluation des anticipations de politique monétaire. Les indices boursiers ont accusé le coup, les contrats à terme laissant entrevoir de fortes baisses pour l’ouverture, avec un Dow Jones en recul de 439 points, un S&P 500 de 62 points et un Nasdaq de 250 points. Cette nervosité s’explique par la crainte d’un maintien prolongé de taux d’intérêt élevés, susceptible de peser sur la croissance économique et, par ricochet, sur les valorisations actions. L’EUR/USD a effacé son rebond récent, tandis que l’or a renoncé à la zone des 2 900 dollars, les rendements plus élevés et le renforcement du dollar pesant sur le métal jaune.
À ce stade, il reste à déterminer si ces pressions inflationnistes ne sont qu’un phénomène temporaire ou si elles traduisent une hausse durable des prix. Dans un tel contexte, la Fed, afin d’éviter que l’inflation ne s’installe définitivement au-delà de 2 %, pourrait décider de maintenir, voire d’augmenter son ton “hawkish”. Les investisseurs devront suivre de près les prochaines publications économiques, à commencer par les chiffres de l’inflation pour février et mars, afin de confirmer ou d’infirmer la vigueur de la hausse des prix. L’évolution des marchés dépendra en grande partie du chemin que prendra l’inflation, du niveau des taux d’intérêt et de la réponse des autorités monétaires américaines. En attendant, l’ampleur de la surprise sur l’IPC de janvier a suffi à ébranler les marchés, rappelant qu’un retour vers 2 % d’inflation dans les prochains mois n’a rien d’évident.